Energie : Suivre sa consommation ne rend pas acteur

Le suivi de consommation semble être le Graal de l’efficacité énergétique. Le nombre d’offreurs en la matière est impressionnant.

Sans nul doute, cette préoccupation est omniprésente :

  • Des centaines d’articles et de nombreux colloques débattent chaque mois de l’impérieuse nécessité que tout citoyen puisse suivre sa consommation.
  • Les offres logicielles disponibles permettant cette visualisation se différencient péniblement par une ergonomie de lecture ou d’accès à l’information plus efficace ou par des fonctionnalités basiques d’analyse.
  • Certaines législations (Suisse, par exemple) ont même rendu obligatoire la fourniture d’une interface de visualisation de la consommation par le gestionnaire de réseau.

Pourtant, en considérant la question de plus près, croire que le seul suivi de la consommation énergétique incite un citoyen à l’action, est la croyance la plus destructrice de valeur en matière d’efficacité énergétique.

  • Les expériences et les pilotes menés à ce jour montrent que les consommateurs, dans leur grande majorité et avec des différences mineures entre pays, ne s’intéressent pas à leur consommation énergétique et ne sont donc pas prêts à consacrer du temps à son suivi.
  • Cela tient très probablement au fait qu’une majorité encore plus importante ne comprend pas comment fonctionne leur propre système énergétique et quoi faire face à un événement donné : surconsommation, dérive, perte de performance acquise.
  • J’ai vu cependant des expériences relater des résultats encourageants: certaines particulièrement bien conçues, d’autres parce que des consommateurs se sentant observés ou fiers de participer à un projet peuvent modifier leurs comportements sur une durée limitée, d’autres encore parce que le recrutement de participants volontaires aboutissait à une surreprésentation des consommateurs conscients et pionniers en matière d’économie d’énergie.

La visualisation de la consommation énergétique est cependant un moyen obligatoire et nécessaire aux économies d’énergie mais il est loin d’être suffisant

  • Le consommateur doit être amener à comprendre ses consommations énergétiques, celles qui sont source de confort et de service, celles qui sont inutiles et qui peuvent être économisées. Beaucoup de pédagogie est nécessaire à ce stade.
  • Le consommateur doit avoir une incitation particulière pour passer à l’action c’est à dire s’engager progressivement dans des actes concrets pour économiser l’énergie. Cette incitation n’est pas obligatoirement à caractère économique. Cette étape est cruciale dans tout dispositif ayant l’ambition d’engager des consommateurs.
  • Le citoyen doit être accompagné, coaché selon des processus assez rigoureux car un changement profond d’attitudes est en jeu : il ne se décrète pas et prendra toujours du temps.

La visualisation des consommations d’énergie n’a de valeur qu’accompagnée d’une offre de services pensée dans le cadre budgétaire du consommateur et justifiée par les économies réalisées (ou les surconsommations évitées!).

De telles offres se développent pour les professionnels et commencent à apparaître chez des prestataires de services spécialisés pour les ménages mais je constate encore chez les énergéticiens une difficulté à envisager et à définir les offres services nécessaires.  Elles sont pourtant un tel facteur de proximité et de fidélisation des clients !

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