Pourquoi les réseaux de chauffage urbain ont-ils le vent en poupe ?

Aujourd’hui les réseaux de chauffage urbain alimentent 10% des logements européens. Ce chiffre cache des disparités importantes ; les pays d’Europe du Nord et de l’Est y ont plus recours que les pays d’Europe de l’Ouest et du Sud et quelques grands pays : Islande (92%), Danemark (61%), Pologne (50%) contre France (7%), Italie (4%), Suisse (4%), USA (3%), UK (1%).

Ils suscitent néanmoins depuis quelques années un regain d’intérêt. Quels en sont les raisons et cet engouement est-il bien justifié ?

Les différentes analyses publiées ces dernières années à propos des réseaux de chauffage (et de froid) urbain convergent vers une liste d’avantages et d’inconvénients que je propose d’éclairer à la lumière des enjeux énergétiques des Smart Cities.

  • Les réseaux de chaleur sont des dispositifs locaux : ils alimentent entre 500 et quelques dizaines de milliers de logements. Par leur taille, ils rentrent dans le champ couvert par une gouvernance urbaine.
  • Les réseaux de chaleur peuvent être alimentés par plusieurs sources distribuées le long du réseau. Le réseau est donc évolutif : des sources de chaleur peuvent être rajoutées ou modifiées au fil du temps. Par ailleurs, ils permettent de bénéficier de sources de chaleur renouvelables ou de récupération, plus difficilement utilisables sinon (Incinération d’ordures ménagères, biomasse, géothermie, récupération chaleur industrielle). Par cette caractéristique, les réseaux de chaleur ont une influence potentielle très forte sur le mix énergétique local.
  • Gérés par des professionnels, de taille plus importante que les systèmes individuels ou les chaufferies d’immeuble, souvent soumis à des exigences plus strictes, ils permettent un contrôle et un traitement plus performants des rejets de combustion.
  • L’efficacité énergétique d’un réseau urbain est meilleure que celle d’installations plus petites. Le gain est en moyenne de l’ordre de 20%.
  • Ces réseaux permettent de mettre en œuvre des solutions de stockage, notamment de froid, matures et respectueuses de l’environnement.
  • Le prix de la chaleur est, en général, plus bas pour le consommateur.
  • Le confort de l’utilisateur est toujours jugé supérieur : pas de maintenance, pas de bruit, pas d’odeur.

En regard de ces avantages, les réseaux urbains ont des inconvénients :

  • Ils nécessitent, pour la mise en place des circuits de distribution de chaleur et de froid, des travaux lourds dans les rues, perturbant pour la circulation.
  • Ils occasionnent des investissements importants et répondent à une logique d’investissement à long terme avec des durées de retour sur investissement comprises entre 10 et 15 ans.
  • Le raccordement d’immeubles existants, dépourvus de circuits de chauffage, est complexe.
  • Ils sont adaptés aux zones dépassant une certaine densité de population correspondant, dans 80% des cas, à environ 3 à 8 MWh/mètre linéaire de canalisation.
  • Ils sont mieux adaptés aux zones offrant une grande mixité d’usage : le foisonnement des besoins y est plus important, le recours au réseau plus régulier.

A la lumière de cette évaluation globale, l’intérêt des réseaux urbains pour la transition énergétique et pour l’efficacité énergétique ne fait aucun doute. Il y a là matière à justifier le regain d’intérêt qu’ils présentent aujourd’hui.

Déterminer, au sein de chaque ville, le périmètre géographique de rentabilité de ce type d’installation, est obligatoire pour en évaluer, dans chaque cas, l’intérêt précis.

Au cours de mes missions auprès de villes d’Europe de l’Ouest et du Sud, j’ai souvent rencontré une peur tellement profondément ancrée des travaux nécessaires qu’elle occultait les bénéfices énergétiques et économiques. Cette attitude se comprend mais une Smart City ne peut faire l’impasse sur une évaluation précise des zones favorables au déploiement d’un réseau de chaleur et sur une explication circonstanciée aux citoyens des bénéfices apportés par ces réseaux.

D’un point de vue énergétique, il n’est pas pensable de se priver, chaque fois que possible, des bénéfices d’un réseau de chaleur ou de froid. Il me semble important de justifier précisément les raisons pour lesquelles on choisit de ne pas déployer un réseau urbain alors que les villes mettent souvent l’accent sur la justification précise du choix de déployer un réseau urbain.

1 Commentaire

  1. Suite à la COP21 la France
    a la chance d’avoir tous les autres pays du monde derrière elle mais cela lui cré une obligation. Celle de leur montrer et afin de ne pas se déjuger l’exemple de ce qu’il faut faire dans la pratique pour chauffer l’habitat. Ceci parcequ’il est le poste de loin le plus énergivore devant le transport, l’industrie et le domaine agricole.

    Elle peut le faire en s’orientant résolument comme le propose le porte parole du CSLT vers la « Solar Water Economy » Voir

    http://www.infoenergie.eu/riv+ener/source-energie/SWE.htm

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