Réduire l’insécurité ? L’objectif paradoxal des Smart Cities

L’émergence des Smart Cities est stimulée par certains facteurs ou certains objectifs. Parmi eux, deux ont une importance partagée par de nombreuses gouvernances urbaines : la sécurité et la recherche d’une plus grande résilience de la ville.

La sécurité doit s’entendre au sens large : sécurité des personnes, des infrastructures, des biens, des services, sécurité de fonctionnement ou sécurité contre les « agressions extérieures ». Tout porte la Smart city à, d’une part, protéger ses habitants et, d’autre part, assurer un fonctionnement qui ne peut être perturbé.

La résilience rejoint ce dernier objectif. Face à des catastrophes naturelles, plus nombreuses dans beaucoup de régions du monde à cause des dérèglements climatiques, la ville doit pouvoir, le cas échéant, retrouver un fonctionnement normal le plus rapidement possible : c’est d’une part un service à assurer aux citoyens, car vivre dans une ville à l’état de marche dégradé peut vite s’avérer problématique, et c’est un impératif pour limiter les conséquences économiques d’une interruption, aussi courte soit-elle, du fonctionnement d’une ville.

La continuité de service des systèmes énergétiques est au cœur de ces enjeux. Il n’est pas pensable qu’une ville, comme tout  écosystème économique, soit privée d’électricité et d’énergie ne serait-ce que quelques minutes : les Smart Cities doivent donc se structurer pour faire face à une crue du fleuve qui la traverse comme à une éclipse qui va pénaliser la production solaire.

Les solutions envisagées aujourd’hui, les plus prometteuses en terme de résultats, s’appuient sur une détection la plus fine possible des menaces, via des capteurs, et une interprétation la plus pertinente possible des informations, en particulier des signaux faibles, ces informations qu’on ne remarque pas forcément et qui sont les signes avant-coureurs des phénomènes redoutés.

Ces solutions reposent donc sur les infrastructures numériques qui caractérisent les Smart Cities, celles-là même qui sont la cible potentielle des hackers. En voulant réduire l’insécurité actuelle des villes, nous créons une nouvelle insécurité. Les Smart Cities se construisent sur les bases d’un paradoxe évident.

Cela veut-il dire que nous devons fustiger cette évolution et y renoncer ? Non, bien sûr.

Mais nous savons que la peur est le principal levier sur l’opinion public. Si les Smart Cities permettent de répondre aux peurs d’aujourd’hui, elles donnent aussi matière aux peurs de demain.

Il sera facile aux détracteurs du numérique et de ces applications à la ville de faire naître des oppositions ancrées sur ces peurs.

Aux villes candidates à l’intelligence d’anticiper ces oppositions !

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