European Utility Week : L’industrie semble se replier sur les fondamentaux

Le rassemblement majeur de l’industrie des Smart Grids en Europe vient de se terminer. Les différents acteurs présents m’ont laissé l’impression d’un retour aux bases de leur activité. Est-ce à cause des difficultés économiques ou des tensions sur divers marchés ? ou bien est-ce du à la lenteur d’imposer certaines innovations ?

On est loin du buzz exagéré de ces dernières années sur des innovations ou des applications présentées alors comme incontournables et toujours balbutiantes aujourd’hui.

Voici les principales observations inspirées par ces trois jours passés à Vienne.

La confrontation de l’industrie du comptage 1.0 avec l’industrie du comptage 2.0 est flagrante

Les chinois étaient présents en force, sur des stands d’un autre temps, avec une communication basique. Ils nous rappellent efficacement, qu’une fois la période de stabilisation des choix technologiques passée, rien ne différenciera vraiment un compteur intelligent d’un autre, si ce n’est le prix. Ils sont donc bien présents avec des prix défiant toute concurrence. Il ne leur manque que quelques années de présence sur le marché européen pour gagner la confiance nécessaire pour s’imposer.

En face, les grands constructeurs occidentaux rappellent au marché qu’ils sont dignes de confiance au delà du compteur : « go beyond the meter (Itron) », « solutions beyond metering (Elster) » et propose une verticalisation des applications de comptage difficilement compatible avec le décloisonnement nécessaire aux Smart Grids. Les tentatives de ces constructeurs pour présenter des solutions reliant la distribution et la consommation se font plus timides à l’exception d’Elster (Connexo/Enacto).

La bataille entre les deux camps s’annoncent rude et les constructeurs occidentaux vont devoir être inventifs pour s’extraire de la tenaille dans laquelle ils sont pris entre les chinois au niveau des compteurs et les constructeurs électriques et les grands intégrateurs au niveau des solutions Smart Metering/Grids plus globales.

Les grands courants d’innovation de ces dernières années semblent s’essouffler, marquer une pause ou faire preuve de plus de réalisme

Le Smart Home n’est plus en tête de l’affiche. La maison entièrement contrôlée à distance ne fait plus rêver. Sur le plan énergétique, des offres de tableaux de bord pour les consommateurs perdurent, malgré l’absence de valeur offerte, grâce à des accords avec des utilities voulant simplement occuper le terrain de l’efficacité énergétique, sans vraiment vouloir en faire. On observe cependant ponctuellement quelques offres plus intéressantes : on redécouvre le thermostat comme le moyen d’agir sur la source principale de consommation d’énergie dans l’habitat et on tente de donner vie et sens aux données de consommations acquises.

L’internet des objets se heurte à l’immaturité des technologies de communication et au manque d’ampleur des écosystèmes. SIGFOX montre ses muscles face à LoRa, moins propriétaire et plus ouvert, avant l’émergence d’une technologie 5G adressant les besoins du M2M. Peu de stands osaient rendre visible leur appartenance à un des écosystèmes.

Le lien entre Smart Grids et Smart Cities semblent relever d’un futur trop lointain ou d’une problématique trop complexe à adresser : seul Alstom s’aventure sur ce terrain, porté par l’avance prise en la matière.

Seul le stockage d’énergie donnait l’impression de susciter un bouillonnement d’activité.  Mais cette idée est vite compensée par une diversité des solutions et des technologies et par un manque de références permettant au visiteur de détecter des use cases dignes d’intérêt.

Ces innovations sont souvent présentées par des petites sociétés ne pouvant garantir aux utilities ni une pérennité de fourniture ni des moyens de R&D suffisant pour atteindre les niveaux de maturité d’offre suffisant. Les grands constructeurs montrent, quant à eux, que leur culture a la vie dure : seuls Siemens, GE et Alstom ont résisté à la tentation de présenter des produits sur leur stand pour mieux parler de la valeur qu’ils apportent à leurs clients.

L’industrie reste presque muette face aux grands enjeux énergétique à venir

La transition énergétique ne semble avoir aucune conséquence et ne nécessiter aucune adaptation.

Le développement des énergies intermittentes ne semble avoir aucun effet sur la stabilité et la conduite des réseaux : quelques utilities allemandes et danoises en parlent lors des conférences, les autres restent dans une sorte de déni.

La tendance, voire la nécessité, de raisonner en terme d’énergies plutôt qu’en terme de gaz ou d’électricité n’est pas évoquée : peu de société sont prêtes à offrir de vraies solutions dans ce domaines. Quelques start-ups proposent néanmoins des avancées intéressantes.

L’engagement des consommateurs pour une baisse des consommations est, quant à lui, ouvertement abordé par quelques sociétés (Tendril, oPower) mais, dans ce domaine, complexe, il faudra du temps pour trouver des offres apportant une vraie valeur.

Heureusement, enfin, en fouinant bien, il y avait quelques pépites bien cachées à découvrir. De quoi motiver les utilities qui se sont engagées dans une évolution de fond pour accompagner l’évolution des systèmes énergétiques.

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