Les projets pilotes masquent-ils notre incapacité à décider

Dans toutes les villes et dans tous les pays fleurissent les projets pilotes, démonstrateurs et tests divers. Il suffit d’ailleurs du lancement d’un tel projet pour attirer les journalistes, pour qu’une ville s’auto-proclame Smart City, bref, pour faire le buzz.

Mais pourquoi tant de projets pilotes ? Que cachent ces initiatives ?

J’ai clairement vu, au cours de ces dernières années, une évolution de la nature des projets pilotes.

Les premiers projets pilotes dont je me souviens, menés dans le domaine des Smart Grids, ont été initiés il y a une bonne quinzaine d’années, par des consortiums soucieux de s’unir pour développer des solutions innovantes répondant à des thématiques complexes.  Ces projets offraient, à des partenaires complémentaires, peu habitués auparavant à collaborer, l’opportunité de mettre au point, en direct avec un client, une solution commune.

Cette conception de projet pilote a été étendue à des projets de recherche, notamment sur les comportements des consommateurs, nécessitant une observation des comportements et des usages.

Ces premiers projets d’un nouveau genre étaient vertueux : ils permettaient de maitriser un degré nouveau de difficulté rencontré dans l’élaboration de la réponse aux enjeux énergétiques émergents. Ils constituaient une étape devenue nécessaire dans la conception des solutions complexes.

Depuis lors, j’ai vu émerger bon nombre de projets pilotes ne s’inscrivant pas dans cette dynamique.

Des pilotes sont lancés par des décideurs frileux, soucieux de se rassurer sur la valeur d’une solution : l’objectif de ces projets n’est pas de réunir les conditions de leur succès mais de chercher la raison de leur potentiel échec. Il est bien rare de valider une innovation dans ces conditions.

D’autres ont été lancés pour repousser la décision de déploiement d’une nouvelle solution. Le temps pris par le projet pilote est autant de temps de gagner avant d’avoir à prendre une décision.

Certains décideurs, politiques notamment, n’ont nullement l’intention d’introduire des nouveautés dans leur ville : un projet pilote a pour avantage de montrer qu’ils sont actifs tout en affectant un périmètre restreint, à moindre frais.

Ces derniers pilotes sont rarement intégrés dans une démarche globale : pour l’observateur non averti du marché, ils donnent l’illusion d’une grande activité d’innovation. En réalité, ils masquent un attentisme coupable.

Une vision globale des enjeux énergétiques poursuivis sur plusieurs décennies est, en général, un bon garant des intentions réellement poursuivies. Cette vision doit pouvoir être communiquée simplement et intelligible pour tous. A nous, citoyens, de l’exiger.

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