Benchmarking ou tyrannie de la moyenne ?

Il y a quelques années, nous parlions de bonnes pratiques pour qualifier les savoir-faire avancés que nous pouvions découvrir chez nos pairs ou chez nos concurrents afin de nous en inspirer, de les copier ou de les améliorer. Par ce biais, nous tentions d’accélérer notre progression dans la maîtrise de tous les métiers et processus des entreprises.

Puis le benchmarking est arrivé, alimentant la cohorte des concepts et des mots à la mode que nous nous employons avec méthode et minutie à vider de leur sens pour en faire des concepts inutiles voire contre-productifs.

J’observe souvent que plus un projet est complexe, plus les équipes qui en ont la charge font appel à ces concepts obscurs pour masquer leur incapacité à adresser les enjeux du dit projet : cette situation est fréquente dans le domaine des Smart Cities et des Smart Grids.

Le benchmarking n’est plus alors une revue des bonnes pratiques dont on souhaite s’inspirer (il est quelquefois bien délicat et prématuré de juger des bonnes pratiques dans un domaine émergent voire exploratoire) mais une revue des réalisations voisines (sans recul sur leur performance réelle) qu’on souhaite purement et simplement copier.

Dès lors, le benchmarking n’est plus un outil au service de l’innovation ou de la progression mais une méthode imposant infailliblement la tyrannie de la moyenne.

Dans le domaine des Smart Cities et des Smart Grids, j’ai tendance à préconiser une utilisation très prudente du benchmarking ; l’expérience cumulée dans le monde à ce jour est tout juste suffisante pour juger de la bonne adaptation locale des solutions envisagées. Souvent un mélange réussi d’esprit d’analyse, de compréhension approfondie des besoins, de confiance dans la capacité des équipes, de structuration de la construction et de la conduite des projets se révèle beaucoup plus efficace.

Le confort et la sécurité recherchés à travers le benchmarking, pour éviter d’essuyer les plâtres sont rarement au rendez-vous, bien au contraire. Se lancer dans des projets de Smart Cities ou de Smart Grids demande du courage, de l’humilité et de la réflexion d’équipe. C’est aussi cela qui les rend si difficiles et si passionnants à la fois.

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