Les Smart Cities imposent-elles aux villes de revoir leur « modèle d’affaire » ?

J’ai récemment évoqué la nécessité pour les villes et les collectivités locales de développer nouveaux types de partenariats. Mais ces partenariats sont-ils suffisants pour leur permettre de réussir la transition vers une Smart City ? Il semblerait qu’ils suffisent pour déployer avec succès une collection d’applications intelligentes mais qu’ils soient notoirement insuffisants pour repenser la ville en tirant partie des technologies les plus récentes.

Comment les villes doivent-elles se faire accompagner pour concevoir une Smart City en combinant des enjeux financiers,  techniques, sociologiques voire même philosophiques ? Faut-il qu’elles s’adjoignent des conseils ou faut-il qu’elles se reposent sur les entreprises les plus en pointe ou sur les offreurs globaux ?

Derrière ces questions se cache un enjeu tout aussi important pour les villes que sont les modèles d’affaire pour les entreprises.

Entre le risque de se voir imposer une solution par une entreprise désireuse d’amortir son investissement commercial au coté des villes, l’expertise précieuse et pointue, mais insuffisamment globale, de nombreux experts et l’incompétence de nombreux « conseils », les modes de fonctionnement classiques à disposition des villes donnent rarement entière satisfaction.

Il est donc nécessaire d’innover et, malgré les contraintes imposées aux acteurs publics, notamment à travers le code des marchés, d’inventer un mode d’accompagnement des décideurs politiques leur garantissant une cohérence globale de leur projet, une viabilité économique, l’atteinte de leurs objectifs à moyen et long terme autant qu’à court terme.

Deux axes me semblent porteurs de beaucoup de valeur :

  • S’appuyer sur des architectes techniques (peu importe leur structure de provenance) capables de définir les grands traits de l’ensemble des solutions techniques, d’imaginer les liens entre chacune d’elles et leur niveau d’interdépendance, de garantir une implémentation des solutions conforme aux axes fixés et de garantir une cohérence technique globale dans le temps, malgré les corrections successives (inévitables) du schéma prédéfini.
  • Un « comité d’ensemble » composé d’experts pointus dans leur domaine respectif et aptes à se coordonner avec les autres. Ce comité, composé de philosophes, sociologues, urbanistes, architectes techniques, financiers, a pour mission de garantir l’atteinte des résultats attendus et structurant le meilleur compromis entre tous les aspects du projet. Ce comité est aussi le maillon de l’organisation nécessaire pour assurer un résultat à long terme, porteur de sens et d’appropriation de la ville par les citoyens, et des résultats à court terme, nécessaire pour alimenter les politiques à l’heure de chaque échéance électorale.

Peu de villes se sont dotés à ce jour d’une structure de gouvernance répondant à l’ensemble de leurs enjeux. Certaines innovent sur une dimension. Les orientations suggérées ci-dessus, ou d’autres tout aussi valables, montrent bien le chemin à parcourir avant de pouvoir garantir des résultats dans le cadre des Smart Cities. C’est peut-être aussi face à cette difficulté que la plupart des villes préfèrent le déploiement d’une collection d’applications numériques, s’en remettant au temps (et à une bonne part de hasard) pour en assurer la cohérence et la viabilité.

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