Les Smart Cities ont-elles vocation à être tout électriques ?

Les grands constructeurs électriques en rêvent : ils décrivent un monde futur lumineux où tout sera plus électrique qu’aujourd’hui. Les Smart Cities vont-elles s’inscrire dans cette tendance ? Cette vision a-t-elle du sens pour les viles ? ou n’est-elle qu’une incantation lancée par les industriels pour semer le trouble sur un marché nostalgique des croissances d’antan ?

Les bâtiments représentent une très forte proportion (environ 45%) de la consommation énergétique des villes ; dans les bâtiments, exceptés ceux construits selon les nouvelles normes, les usages les plus consommateurs d’énergie sont les usages thermiques (chauffage, climatisation, eau chaude sanitaire) (de 70% à 75% de la consommation énergétique des bâtiments). Compte tenu du temps et de l’argent qu’il faudra pour rendre la majorité des bâtiments existants thermiquement performants, c’est à dire conformes aux derniers standards, la prédominance des applications thermiques dans la consommation énergétique des bâtiments est une donnée durable.

Pour ces applications thermiques, les solutions évitant la conversion d’énergie primaire en électricité (type réseaux de chaleur bien appropriés à certaines configurations urbaines) ont souvent un rendement plus intéressant et un coût moins élevé. Il est intéressant également de considérer des pompes à chaleur dont le rendement est supérieur aux solutions 100% électriques ; ces pompes à chaleur ont bien sûr moins recours à l’électricité. De même, les solutions partagées entre plusieurs logements ou plusieurs immeubles sont souvent plus efficientes. La tendance est donc à la récession des solutions 100% électriques dans les pays qui les ont privilégiées dans le passé. Dans aucun pays, les solutions thermiques 100% électriques sont vouées à un développement très fort.

Les réseaux de chaleur peuvent bénéficier plus facilement de certaines sources d’énergie vertueuse (géothermie, combustion des déchets, récupération de la chaleur fatale de certaines industries etc…) et trouvent dans cette caractéristique une légitimité supplémentaire auprès des villes.

En parallèle, de nouveaux usages de l’électricité peuvent émerger : le plus emblématique est la voiture électrique. Peut-être induiront-ils dans certains pays un surplus de consommation électrique mais il y a peu de chance qu’ils puissent compenser les effets de la récession de consommation évoquée ci dessus dans les usages thermiques dans les pays ayant eu massivement recours à l’électricité pour ces usages par le passé.

La vision d’un monde tout électrique ne correspond probablement pas à la vision d’un monde énergétiquement efficient, notamment dans les villes. Ce fut, et cela reste, une vision plus attachée à des volontés d’industriels, soucieux de promouvoir et développer leurs productions. A leurs actionnaires d’être vigilants sur la croissance réelle de leur marché !

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