Les marchés de l’énergie fragmentés ont une dynamique plus importante

Dans un pays, la structuration historique d’un marché de l’énergie influe-t-elle sur son dynamisme actuel ? Telle est la question qui vient immédiatement à l’esprit lorsqu’on compare les dynamiques des différents pays en matière de politique et de mutation énergétique. En effet, les enjeux sont les mêmes pour toutes les nations : seules diffèrent les conditions dans lesquelles ces enjeux se posent et donc les adaptations à apporter aux différentes solutions pour coller à une réalité locale.

Pourtant, le degré d’ouverture des acteurs, la sensibilité à l’innovation, l’intensité et la vitesse des évolutions montrent des écarts importants entre les pays.

Des facteurs semblent favoriser le dynamisme des pays ayant un marché plus fragmenté avec, historiquement, plusieurs fournisseurs d’énergie, plusieurs gestionnaires de réseau ou un mix énergétique plus diversifié.

  • Même si les acteurs du marché ne sont pas toujours en concurrence direct, une émulation, un esprit de compétition se développe entre les acteurs, gestionnaires de réseaux par exemple. Ils s’épient, se copient et ont à cœur de fixer les standards les plus avancés de leur pays afin de revendiquer cette performance auprès de leurs clients. Ce dynamisme se retrouve dans la diversité des projets Smart Grids ou des volets énergie des projets Smart Cities. La richesse des expériences cumulées créé un réservoir de choix important pour bâtir les solutions de demain.
  • Les énergéticiens mettent quelquefois leurs ressources en commun pour les travaux de recherche. L’exemple le plus emblématique est probablement celui des Etats-Unis où les utilities financent un organisme de recherche commun : l’EPRI. Ainsi, les travaux de recherche ne sont la prolongation d’une culture unique dans le futur mais ils bénéficient d’apports culturels et techniques variés pour inventer un avenir commun.
  • Les énergéticiens se regroupent pour travailler ensemble sur les grandes questions énergétiques du pays. La mission de certaines associations Smart Grids en témoignent : soit comme en Suisse, l’association regroupe les acteurs d’un même métier, gestionnaires de réseaux dans ce cas précis, soit comme dans beaucoup de pays, l’association a un périmètre plus large et fédère tous les acteurs de l’énergie et l’industrie présente dans le pays. Ces associations ont pour but une co-construction des systèmes énergétiques du futur. Cofondateur de la Gridwise Alliance il y a plus de 10 ans, j’ai eu le plaisir de participer à une telle dynamique et d’en mesurer la portée.

A l’opposé des marchés fragmentés, la France offre un modèle radicalement différent : marché fortement concentré autour d’acteurs nationaux historiques et mix énergétique peu varié. Ce marché donne lieu à observer des stratégies de défense plus intenses, des actions de contrôle des innovations et des initiatives diverses. L’absence de diversité culturelle, le manque de diversité dans les intentions et les modèles des expériences conduites commencent à créer des tensions sur ce marché entre offre restreinte et besoins non servis.

Dans tous les cas, l’enseignement à tirer de l’observation des marchés est l’impérieuse nécessité de collaborer au sein d’un même marché, entre pays, entre acteurs. Conduire l’évolution des systèmes énergétiques requiert de se nourrir d’un maximum d’approches différentes.

 

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