Le CDO : roi de la digitalisation dans les utilities ?

A l’origine, nous connaissions le CEO (Chief Executive Officer), le CFO (Chief Financial Officer) et le CTO (Chief Technical Officer). Comme le concept du CXO marchait bien et était largement repris même dans des pays non anglophones, nous avons vu fleurir le CMO (Marketing), le COO (Operations), le CIO (Information). Plus récemment, est arrivé le CDO (Chief Digital Officer).

Il est chargé, dans beaucoup de cas, du processus de digitalisation d’une entreprise.

Mais sa présence est-elle un gage de réussite ? Faut-il vraiment un CDO pour achever une transformation digitale ?

J’ai déjà évoqué que la digitalisation d’un énergéticien ne se résume ni à un site WEB, ni à la digitalisation des factures. C’est plutôt un processus de transformation global qui affecte progressivement notamment les processus de fonctionnement internes, la relation avec les clients, la manière dont l’énergéticien conduit ses opérations et interagit avec son environnement. Il s’agit de la transformation complète d’une entreprise au cours d’une période longue.

La transformation digitale d’un énergéticien n’est pas l’adoption ou un plus grand développement des technologies digitales. Elles se développent souvent spontanément. Il s’agit plutôt du management des conséquences de l’invasion de ces technologies et de la création de valeur qui peut en découler.

L’accès facilité aux données et au savoir change la donne ; pour les clients consommateurs d’énergie, pour chaque maillon de la chaîne de valeur, pour le management des sociétés énergétiques. La création de valeur est désormais accessible à de nombreux prestataires « extérieurs », étrangers aux chaînes d’acteurs traditionnels.

La présence d’un CDO au sein d’une organisation peut révéler une excellente compréhension des enjeux par la Direction Générale. Elle peut aussi être un leurre à destination des observateurs, pour masquer l’absence d’appréhension des enjeux. Elle ne peut donc être le garant d’une transformation en cours ou à venir.

A ce propos, j’observe assez régulièrement les points suivants :

  • Un CDO doit reporter au CEO ; c’est une condition quasi essentielle pour que la digitalisation soit une véritable transformation. Dans le cas contraire, le CDO reporte souvent au CIO ; ce positionnement dans l’entreprise traduit une conception trop étriquée de la digitalisation, vue comme une forme d’informatisation.
  • Le CDO n’est pas un CIO bis en charge des investissements et de la maîtrise de l’OPEX. Car une digitalisation vue sous l’angle des équipements nécessaires peut se révéler sans grand résultat.

Un CDO rapportant au CEO a plusieurs vertus :

  • Par sa présence continue au sein de la Direction Générale, il peut plus facilement ancrer la digitalisation dans la stratégie de l’entreprise.
  • Il peut aussi faire partager un diagnostic, une vision, un plan d’action, très utiles pour « l’alignement » d’une organisation au cours d’une transformation.
  • Il peut assurer la cohérence des différentes initiatives menées dans l’entreprise : la digitalisation concerne très souvent des processus transverses que des organisations traditionnellement silotées ont quelques difficultés à mener.
  • Il peut impulser une dynamique globale, évitant que certains pans de l’entreprise ne prennent du retard dans la transformation.

Pour autant, un CDO n’est pas suffisant. Des relais dans les principales directions sont primordiaux pour démultiplier les efforts et les actions dans les organisations en place, car c’est bien, à terme, toute l’entreprise et tous les systèmes énergétiques qui doivent être digitalisés.

Le CDO est alors un chef d’orchestre, à la fois stratégique et opérationnel, avec une visée sur l’entreprise et sur toutes ses relations avec son environnement.

Peu d’énergéticiens se sont dotés d’un CDO. Cela ne saurait traduire une moindre exposition du secteur de l’énergie aux technologies digitales. Au contraire, les technologies numériques seront probablement d’un grand secours pour aider les énergéticiens à traverser les turbulences qui secouent leur marché. Leur transformation digitale est certainement au cœur de leurs enjeux. Sauront-ils le percevoir rapidement et se mettre en ordre de marche pour se transformer ?

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