Les villes : lieu de concentration extrême des enjeux énergétiques

Depuis des décennies, le monde de l’énergie s’est développé autour de chaines d’acteurs assez stables au sein desquelles les rôles étaient clairs et bien distribués. Depuis quelques années, les villes, métropoles et collectivités territoriales tentent de s’inviter au milieu des acteurs historiques.

Pourquoi ce mouvement ? Qu’est-ce que les villes cherchent dans leur engagement dans l’énergie ? Quels sont leurs enjeux et quelles évolutions récentes de leurs enjeux expliquent le phénomène évoqué ?

Selon la Banque Mondiale, la proportion de la population urbaine dans le monde était d’un tiers en 1960, de 50% en 2007 et de 54% en 2016. Cette proportion augment régulièrement et devrait dépasser les deux tiers en 2050.

Ceci signifie des villes de plus en plus nombreuses, de plus en plus étendues et de plus en plus densément peuplées.

La situation en Europe est encore plus accentuée car près des trois quarts de la population européenne est aujourd’hui urbaine.

Ces concentrations urbaines, leur nombre croissant d’habitants, l’allongement des durées de transport dans ces villes conduisent à des émissions locales de CO2 très importantes devenant la plupart du temps un problème de santé publique majeur.

L’ensemble des équipes municipales confrontées à ces problèmes se sentent pleinement responsables de leur résolution et voient dans l’évolution des systèmes énergétiques, des transports et des usages associés un levier d’action essentiel. Leur engagement croissant dans les décisions impactant les transports et l’énergie est dès lors garanti.

Plus les villes s’engagent, plus elles découvrent qu’elles disposent, de manière exclusive, de moyens d’action efficaces pour optimiser les usages énergétiques :

  • La capacité à faire appel à des énergies locales, renouvelables, certaines étant non émettrices de CO2, qu’aucun énergéticien national ne ciblera en priorité : traitement des déchets, géothermie, biogaz issu du traitement des eaux usées etc…
  • Le déploiement de réseaux de chaleur permettant d’utiliser les énergies locales et permettant une optimisation énergétique des applications de chauffage et de froid dans les bâtiments.
  • Les plans de rénovation urbaine permettant une rénovation énergétique cohérente des bâtiments et non une rénovation logement par logement.
  • Le contrôle de l’urbanisme et donc de la mixité des usages énergétiques dans chaque zone, permettant de réduire les écarts entre consommation maximale et minimale.

Les enjeux sous-jacents, efficacité énergétique, développement des énergies renouvelables, sont connus mais ils sont encore plus importants en milieu urbain et les milieux urbains disposent de leviers uniques, gérés et gérables localement.

Ce point de vue très rapide illustre bien pourquoi les villes deviendront des acteurs majeurs de l’énergie.

Suivant les pays et les marchés, plusieurs solutions se présentent. En Allemagne, en Suisse, en Suède, par exception dans d’autres pays, les énergéticiens sont municipaux et locaux. Les villes sont leurs actionnaires.

Pour eux, le chemin entre décision et action semble court. Mon expérience tend à prouver le contraire. Disposant d’un bras armé local, la municipalité ne se dote pas de compétences énergétiques particulières et subit souvent la lenteur et le conservatisme de son énergéticien local.

Ailleurs, le dialogue et la coopération vont devoir se construire plus fortement et de manière plus équilibrée entre des énergéticiens régionaux ou nationaux et les villes.

Le challenge est important : les villes font face à un devoir de montée en compétence, les énergéticiens à un impératif d’adapter organisation et mode de décision. Elles seront, à n’en pas douter, un excellent baromètre de l’évolution culturelle des acteurs énergétiques.

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