En matière de gouvernance énergétique, chaque pays a sa propre équation à résoudre, résultant du niveau d’engagement des collectivités territoriales et des municipalités, d’une part, et de la structure des acteurs, plus ou moins nationaux et monopolistiques, d’autre part.
En Allemagne, en Suisse ou en Suède, par exemple, il n’est pas rare de rencontrer des acteurs dont le périmètre d’action est une ville ou une métropole urbaine. Quelquefois, une même régie municipale ou locale cumule la distribution d’électricité, de gaz, d’eau, de chaleur et même, la gestion d’un réseau de fibre optique. La configuration semble idéale mais je rencontre souvent dans ce type d’entreprise une organisation très verticalisée, où les échanges transversaux entre équipes sont rares, les projets communs encore plus.
L’évolution des systèmes énergétiques pousse à un décloisonnement de ces entités qui vont devoir construire et gérer entre elles de plus en plus d’interactions.
Dans le cas, plus fréquent, de marchés structurés autour de grands acteurs nationaux ou régionaux (gestionnaires de réseaux d’électricité, d’eau, de gaz), cette même évolution des systèmes énergétiques crée des frictions fréquentes et potentiellement très fortes entre les besoins d’optimisation et de performance locales exprimés, par exemple, par les villes, et les besoins d’optimisation globale des réseaux de distribution.
Dans de telles configurations, les microgrids apparaissent pour les villes, comme un moyen de contourner ce qu’elles vivent comme l’inertie des gestionnaires de réseau : beaucoup envisagent d’établir des gestionnaires énergétiques locaux à même de répondre à leur attentes. Ce « rêve » est, pour elles, plus ou moins facilement accessible selon la réglementation en vigueur.
Néanmoins, dans tous les pays, l’émergence des microgrids est vécue en terme d’opportunité par les villes ou de menace par les gestionnaires de réseau. Dommage !
A terme, tous les acteurs y auront perdu : les villes en accusant un retard important dans leur transition énergétique, les gestionnaires de réseau en perdant certaines prérogatives et, dans certains cas, une part d’activité.
Ne vaudrait-il pas mieux investiguer la cohabitation des enjeux portés par les villes et par les gestionnaires de réseaux au sein de structures locales collaboratives qui restent à inventer. Certaines expériences apportent déjà des pistes de réflexions pour les imaginer ?
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