Pour beaucoup de consommateurs confrontés aux enjeux d’efficacité énergétique ou de développement d’une production d’énergie locale, la question de l’investissement est centrale. Les clients résidentiels n’ont pas toujours les fonds nécessaires, l’industrie priorise les investissements dans l’outil de production, les clients publics cherchent à réduire leurs dépenses et leur dette.
Tous ou presque peuvent être attirés par l’externalisation des investissements, objet des modèles de contracting.
Mais que sont ces modèles ? Dans quels pays sont-ils déployés ? Pourquoi restent-ils quelquefois méconnus ?
Tout d’abord, précisons de quoi on parle : il y a plusieurs modèles de contracting. Ceux que j’ai le plus fréquemment rencontrés sont :
- Le « contracting » sur les sources d’énergie : ce modèle consiste, pour un consommateur, à acheter de l’énergie produite dans ses locaux en outsourçant le financement, la construction, l’exploitation, l’entretien et l’optimisation de la source de production.
- Le « contracting » sur le confort, appelé aussi « chauffage » : ce modèle consiste pour un consommateur à acheter un paramètre de confort tel que la température, dans ses locaux en outsourçant, l’exploitation, l’entretien et l’optimisation des installations nécessaires.
- Le « contracting » de performance : ce modèle permet à un consommateur de déléguer l’atteinte d’une baisse de consommation énergétique à un tiers, qui prendra les décisions nécessaires en matière d’investissement et d’exploitation et se rémunèrera en captant, pendant une certaine période, les économies réalisées. Ce modèle permet d’outsourcer le financement et les risques associés à l’efficacité énergétique.
- Un « contracting » plus complet combinant deux composantes précédemment évoquées.
Le déploiement de ces modèles dans un pays dépend nécessairement des conditions de marché du pays : par exemple, le contracting sur les sources d’énergie a obligatoirement moins de sens dans un pays où les réseaux de chaleur sont fortement développés ; le contracting de performance, plus complexe à comprendre pour un consommateur qu’on ne l’imagine au premier abord, nécessite un tissu d’acteurs engagés et un marché éduqué au modèle depuis de longues années.
Ces modèles sont en général difficiles à déployer : tous comportent une part de risques externalisés par le client consommateur. Gérer ces risques demande aux fournisseurs de services énergétiques une parfaite maîtrise de l’ingénierie juridique et financière. Le niveau nécessaire est rarement atteint : la rentabilité de ces modèles s’en trouve lourdement affectée et, de ce fait, les prestataires de services énergétiques se limitent souvent à une approche timide, défensive pour éviter que des concurrents rentrent chez leur client par ce biais.
Le manque de maîtrise des enjeux juridiques et financières n’a pas seulement des conséquences économiques. Il génère très souvent une relation maladroite, chaotique, parfois tendue entre le fournisseur et son client, pouvant engendrer chez le client suspicion envers le fournisseur et le modèle lui-même et soupçon de malhonnêteté. La maturation du marché et l’adoption du modèle s’en trouvent fortement ralentis.
C’est tout le contraire de ce dont le marché a besoin.
La transition énergétique doit être financée. Le seul appel à des fonds publics injectés sous forme de subventions est insuffisant et, malheureusement, souvent contreproductif. Tous les mécanismes permettant à des investisseurs privés de participer sont précieux et doivent être développés avec attention.
Dans le cas des modèles de contracting, c’est d’un dispositif complet dont l’écosystème énergétique a besoin : un cadre règlementaire favorable dénué de technocratie excessive, un accompagnement des fournisseurs de services à bâtir une activité rentable, une éducation du marché quant au bien-fondé de ces offres, un moyen pour les consommateurs de connaître le niveau des prestataires qui se présentent à eux.
En bref, les modèles de contracting offrent un exemple immédiat du type d’initiatives globales, systémiques, qu’il sera indispensable de déployer dans l’avenir pour réussir une transformation de l’écosystème.
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