Que se cache-t-il derrière cette question apparemment anodine ?
Pour certains tenants du libéralisme, l’efficacité énergétique ne doit pas être une obligation, libre à chacun de s’y engager : force est de constater que peu d’acteurs se sentent concernés et les progrès que nous devons réalisés, ne seront au rendez-vous dans quasiment aucun pays.
Pour d’autres, à l’esprit plus planificateur, l’efficacité énergétique doit être une obligation, régie par la règlementation. Certains consommateurs n’entrent pas pour autant dans un cercle vertueux et œuvrent a minima, réalisant juste ce qui est demandé. Tous n’ont pas nécessairement les moyens de se mettre en conformité et le législateur accompagne souvent les obligations de subventions les rendant plus acceptables. L’efficacité énergétique semble avancer plus vite sous la contrainte, elle coûte cher et les acteurs ne sont pas plus engagés pour autant.
De quels leviers disposent donc les consommateurs, les prestataires de services énergétiques et le législateur pour se positionner vis à vis de cette question ? Comment réconcilier protection environnementale et économie ? Comment faire en sorte que les consommateurs s’engagent de plus en plus, de leur plein gré ?
Tout d’abord, nos expériences nous montrent que, dans de la plupart des cas, les consommateurs ne disposent pas des compétences nécessaires.
Les professionnels font appel à des prestataires de services spécialisés qu’ils sont à même de rémunérer : ils attendent d’eux une démarche partenariale, un accompagnement dans la durée mais font paradoxalement preuve de défiance vis à vis des candidats et se protègent en faisant jouer la concurrence sur des critères peu significatifs, le prix par exemple.
Les ménages sont sensibles aux animateurs de quartier qui leur permettent de progresser et d’agir dans un climat de convivialité. Les informations génériques ont peu d’impact mais quelques systèmes, délivrant au bon moment des conseils précis et adaptés, retiennent l’attention.
Ces apports de compétences ne sont pas suffisants pour générer un engagement significatif des consommateurs ; nous l’avons dit, l’efficacité énergétique est très rarement un besoin, une aspiration ou un objectif.
Cherchons donc à réaliser des économies d’énergies tout en servant les besoins principaux des clients a toujours fourni des résultats intéressants. Soyons plus précis :
Sur le marché résidentiel, le confort et la sécurité sont des besoins largement répandus. Une occultation de fenêtre automatique, asservie aux rayonnements solaires, à la température extérieure et à la présence dans la pièce concernée fournit un confort très appréciable et permet de faire des économies de chauffage/climatisation. Ce type de solution est appréciée mais son développement est freiné par un prix encore élevé.
Certains pommeaux de douche, régulateur de débit, offre un confort très appréciable. Ils sont plébiscités pour cela et les économies qu’ils permettent de réaliser sont rarement mises en avant.
Sur ce même marché, les besoins d’économie sont moins répandus : chercher à les servir avec des solutions permettant de réaliser des économies d’énergies aura donc moins d’impact.
Sur le marché des bâtiments tertiaires, les besoins principaux sont des besoins d’évolutivité (bureaux), de confort ou de services aux utilisateurs.
L’éclairage automatique des lieux de passage évite de chercher les interrupteurs, rend les déplacements à l’intérieur d’un bâtiment plus fluides et permet de réaliser des économies d’énergies. L’acceptation de ces solutions est assez bonne.
Une Gestion Technique du Bâtiment (GTB) est supposée assurer une compatibilité entre confort et économie d’énergie. L’amélioration du confort est très souvent un critère d’achat, s’ajoutant aux objectifs de gestion technique et de maintenance. Nous avons tous rencontré des mises en œuvre « approximative » de GTB, générant zones trop froides ou zones surchauffées, des anomalies de confort pouvant conduire au « rejet » de la solution choisie. Si les économies d’énergie ne sont que très rarement une préoccupation de l’acheteur, elles sont souvent le bouc-émissaire des mécontents souffrant d’une perte de confort.
Dans l’industrie, la productivité des lignes de fabrication, la performance économique et les labels environnementaux ayant une incidence sur le choix des clients sont les objectifs prioritaires.
C’est probablement sur ce marché que les solutions d’efficacité énergétique bien acceptées sont les plus nombreuses. Mais plus que les solutions, ce sont les installateurs et les prestataires de services énergétiques qui doivent se faire accepter en démontrant une connaissance du métier de leur client, condition nécessaire à se faire ouvrir (prudemment) les portes des sites.
La règlementation est certes utile pour accompagner les efforts des consommateurs pour davantage de sobriété énergétique. Je reste convaincu par les faits qu’elle doit accompagner un mouvement, pas nécessairement le contraindre. La finesse, l’intelligence marketing et le tact des experts et des prestataires de services énergétiques sont donc essentielles pour mettre en mouvement ces consommateurs sur des terrains parallèles.
Les économies d’énergie ne doivent pas être perçues comme des contraintes imposées à éviter ou à contourner. Ce n’est qu’après quelques expériences positives, avec des prestataires de services soucieux de faire converger économies d’énergie et besoins des consommateurs, qu’on pourra espérer un changement de regard de la majoritédes consommateurs sur les objectifs environnementaux.
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