Décidément, les DSOs ont bien des tracas ! Bien qu’évoluant dans un environnement soit disant régulé, j’ai déjà évoqué le fait qu’ils vivent une situation proche de celle d’une vraie concurrence.
Mais une autre difficulté se présentent à eux, sous forme de casse-tête à résoudre.
Leurs revenus traditionnels viennent du « timbre » c’est à dire du montant, certains disent la taxe, prélevée sur le coût du kWh pour financer les infrastructures de distribution et le fonctionnement des DSOs qui en ont la charge. Pour en fixer le montant, et pour garantir que ce montant payé par les consommateurs correspond au résultat attendu sur la qualité des infrastructures énergétiques, les régulateurs auditent largement les comptes des DSOs. Le timbre est donc sous haute surveillance.
Néanmoins, ce mécanisme d’affectation de coûts souffre, comme beaucoup d’autres, du manque de confiance des consommateurs. Il y a donc une pression politique importante, dans tous les pays, pour que le montant imputé sur chaque kWh n’augmente pas.
En clair, à activité égale, les revenus des DSOs n’ont pas vocation à être revus aisément à la hausse.
Par ailleurs, le développement de l’auto-production et les actions d’efficacité énergétique, quelquefois couronnées de succès importants, tendent à réduire la croissance de ces revenus, voire les revenus eux-mêmes. Les évolutions observées aujourd’hui et prévues dans l’avenir ont vocation à accentuer cette décélération des revenus.
Au regard de cette situation, qu’en est-il de leurs coûts ? et de leurs investissements ?
En matière d’investissements, plusieurs facteurs tendent à les faire significativement augmenter :
- Le déploiement des compteurs intelligents, difficiles voire impossibles à rentabiliser aujourd’hui sur le périmètre des DSOs. Ceci explique l’empressement des DSOs à faire intégrer tout ou partie de cet investissement dans le timbre…
- La digitalisation des réseaux et, pour les réseaux électriques, en priorité des postes de transformation, indispensable pour assurer qualité de service, rallongement de la durée de vie des équipements et équilibre du réseau dans un contexte de plus en plus perturbé.
- Le déploiement d’infrastructures et d’outils de gestion et de stockage de grands volumes de données
En matière de coûts opérationnels, l’évolution du marché de l’énergie et de l’activité des DSOs a également une influence. Le développement des besoins de communication et de stockage des données, les besoins croissants d’équilibrage des réseaux et surtout la gestion d’un nombre en forte augmentation des interfaces à gérer avec de nouveaux acteurs (TSO, agrégateurs, fournisseurs…) sont les racines d’une tendance à la hausse des coûts opérationnels.
Dans beaucoup de pays, la tactique privilégiée pour gérer cette équation a été de développer des mécanismes complexes d’ajustement du timbre, conduisant à son augmentation significative.
Le temps est venu où la pression sur les DSOs risque de s’accentuer. Chez eux, le maître mot pourrait devenir « optimisation », décliné en optimisation des taux de retour sur investissement, optimisation du cycle de vie des équipements, optimisation de la stratégie de maintenance etc….
L’asset management est appelé à prendre une place importante dans les préoccupations des DSOs. Ce ne sera pas suffisant pour résoudre l’équation économique des années futures mais cela y contribuera fortement.
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