Cette question est un symbole des évolutions en cours dans le domaine énergétique ; acheminer la production d’unités centralisées vers des consommateurs dispersées requiert une infrastructure de distribution telle que les réseaux auxquels nous avons été habitués, à tel point qu’ils font partie intégrante du « paysage » et qu’il nous est difficile, à nous occidentaux, d’imaginer des schémas alternatifs.
Dans les pays émergents, dont l’enjeu est d’offrir à davantage de villages et d’habitations, l’accès à l’électricité, un réseau de distribution est une infrastructure coûteuse dont on sait aujourd’hui se passer : au niveau de chaque communauté ou groupe de communautés, il est désormais possible d’implanter des générateurs, performants en termes de coûts de production et de distribuer localement leur production.
Ce schéma permet des progrès importants tant qu’une usine fortement consommatrice n’est pas à alimenter et tant que les habitants calquent leurs habitudes de vie sur les périodes où l’électricité est disponible (le développement du stockage réduira considérablement cet aspect).
Certains ont vu, dans ces schémas d’ilots autonomes, une préfiguration de la distribution électrique dans tous les pays.
Cela me semble, dans les conditions actuelles, un point de vue osé, voire inconséquent et farfelu.
Nous constatons néanmoins le risque de voir les réseaux de distribution sous-utilisés, du fait de l’émergence des productions locales et des communautés énergétiques : les DSOs ont peur de cette tendance et soulèvent depuis quelques temps le risque pesant sur leurs revenus, faits de taxes d’utilisation du réseau dont l’assiette risque de se réduire.
De leur côté, les consommateurs auto-producteurs ont quelques difficultés à admettre (dans les pays où c’est le cas) de payer une taxe d’utilisation d’un réseau qu’ils n’utilisent pas. On peut les comprendre.
Les enjeux sont en apparence irréconciliables !
Un point important est pourtant laissé de côté, traduisant chez les consommateurs leur volonté de changer sans penser à toutes les conséquences possibles. Quand on enquête auprès des auto-producteurs, dans tous les pays européens, plus de 95% attendent implicitement d’être secouru par le réseau en cas d’interruption de leur production.
Cette assurance n’a-t-elle pas un coût ? et donc un prix ? et ce prix ne doit-il pas varier en fonction de la couverture de risque que nous souhaitons avoir.
Pour l’électricité que nous achetons, il est admis de rémunérer le réseau qu’on emprunte. Pour l’électricité que nous consommons, nous devons faire payer les consommateurs en fonction du risque face auquel ils veulent être couverts : à hauteur de leur ancien abonnement ? à hauteur de 1kW pour assurer un minimum ? à hauteur de 3kW pour ne pas trop pénalisé le confort de vie ?
Admettons que certains ne veulent aucune assurance ! admettons aussi que les primes d’assurance varient, d’année en année, en fonction des choix des consommateurs.
Nous avons besoin de cohérence dans notre gestion de la transition pour créer du sens et aider les consommateurs à comprendre les changements en cours et leurs implications.
Il n’y a rien de pire que de prolonger des systèmes de gestion et de tarification inadaptés et incompris.
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