En matière énergétique, les écoquartiers ont semblé, ces dernières années, pouvoir répondre à de nombreux enjeux émergents : le nécessaire développement des énergies renouvelables, une meilleure efficacité énergétique, un plus grand engagement des collectivités territoriales et des villes.
A grand renfort de communication et de subventions publiques, ces quartiers se sont multipliés dans la plupart des pays européens.
Peut-on considérer aujourd’hui ce développement comme vertueux pour l’énergie, les villes et les citoyens ?
Tous les acteurs des écoquartiers ne partagent pas la même approche :
- Pour certains, un écoquartier est une portion de ville : il hérite de facto des objectifs de la ville, par exemple, en matière d’efficacité énergétique. Il est souvent considéré comme un périmètre de test, comme pour le développement des sources d’énergies renouvelables.
- Pour d’autres, un écoquartier est l’extension de la notion de bâtiment à un périmètre comprenant plusieurs édifices.
Voir un écoquartier comme une partie de ville est une démarche d’urbanisme habituelle ; elle vise à (r)établir un « esprit », une identité de quartier en relation avec sa localisation, sa vocation et la population qui le fréquente. Voir un écoquartier comme une entité à part entière, comme un périmètre de test a conduit à définir des systèmes énergétiques pour leur seul périmètre : quelquefois un non-sens !
Voir un écoquartier comme l’extension d’un bâtiment renforce malheureusement également la vision tendant à le considérer comme une entité isolée.
Enfin, certains écoquartiers ont été imaginés par des « apprentis sorciers solitaires », sans la concertation nécessaire. Les écoquartiers doivent être des lieux de transversalité, entre activités, entre systèmes urbains (énergie, transport, services sociaux) : leur conception doit donc suivre le même modèle et demande davantage de concertation et l’implication dès le départ de nombreux spécialistes.
Tous les écoquartiers n’ont pas fait l’objet d’un suivi de performance a posteriori, notamment sur les questions énergétiques, mais la plupart des évaluations auxquelles j’ai eu accès montrent des résultats décevants, voire très décevants.
Les décideurs politiques, promoteurs de leur développement et souvent financeurs n’ont pas le retour escompté. Les concepteurs ne croisent jamais les utilisateurs et les exploitants.
Inspirons-nous des bâtiments : le promoteur et le constructeur sont en charge de le livrer aux futurs occupants, la régie immobilière ou le syndicat des copropriétaires en assurent ensuite la gestion.
Ne pourrions-nous pas, par analogie, concevoir les écoquartiers en incluant dès le départ l’ensemble des concernées en donnant aux urbanistes un rôle de coordination et d’animation transverse plus fort ?
Ne pourrions-nous nous imposer un raisonnement global au niveau des villes dont les écoquartiers seraient une déclinaison ? Nous aurions ainsi la possibilité d’adapter chaque système, énergétique en particulier, au périmètre permettant d’en assurer le fonctionnement optimal.
Ensuite, pour assurer la cohérence et le suivi des actions de tous les utilisateurs et exploitants d’un écoquartier, un gestionnaire opérateur de quartier ne serait-il pas une source de progrès ? Ne permettrait-il pas aux décideurs politiques, aux financeurs publiques, aux aménageurs, de croire dans la capacité d’un écoquartier à atteindre les objectifs qui lui sont assignés ? Ne pourrait-il pas en outre être la base et l’instigateur de l’esprit de quartier si convoité ?
Ces trois axes de travail sont de toute évidence vertueux : ils permettront surement une bien meilleure « efficacité » des démarches dans les écoquartiers. Leur portée éventuelle dépasse largement le domaine énergétique. Il s’agit de développer dans le cadre des écoquartiers un modèle économique viable, un modèle organisationnel efficace et reconnu et un modèle sociétal évitant aux habitants de développer, comme je l’ai souvent vu, le regret d’avoir cru à une meilleure qualité de vie dans un écoquartier.
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