Il y a un an, j’étais le plus heureux des hommes : je venais de me doter d’un véhicule hybride rechargeable. J’ajoutais une ligne supplémentaire à la liste des petites actions que je mène au quotidien pour contribuer à réduire mon empreinte sur l’environnement.
Au bout de la première semaine, j’avais découvert l’extraordinaire agrément de conduite d’une voiture mue par des moteurs électriques (Le moteur essence sert essentiellement sur le Mitsubishi Outlander à recharger les batteries).
Depuis, ma perception de l’hybride rechargeable s’est nuancée.
Plantons d’abord le décor : mon trajet de référence est long de 12 kilomètres avec un dénivelé de 1000 mètres que je parcours à la descente dès que je quitte mon domicile, à la montée dès que j’y reviens.
Sur un terrain plat, à la température de 25°C, l’autonomie électrique de mon véhicule est de 50 kilomètres environ. Point très positif : avec les limitations de vitesse actuellement en vigueur, un parcours urbain n’affecte quasiment pas cette autonomie, contrairement au cas d’un véhicule thermique. Cette autonomie couvre de nombreux besoins quotidiens. Et l’idée du complément thermique pour couvrir de longues distances a de quoi séduire!
Par contre, toujours à 25°C, l’autonomie de mon véhicule est tout juste de 12 kilomètres dans ma montée de référence : je dis « tout juste » car si j’emprunte un itinéraire à la pente régulière, ce sera le cas. Si par contre, l’itinéraire comprend un tronçon de 300 mètres plus raide (25%), l’autonomie chute à 10 kilomètres !
Poussons l’expérience plus loin ! si, au bout des 12 kilomètres de montée, je fais demi-tour, je recharge dans la descente entre 20% et 25% de ma batterie, quelquefois moins. C’est très peu. L’autonomie totale sera fortement impactée et sera de 36 kilomètres, au maximum. Soyons honnêtes, cet impact est assez proche de celui observé avec un moteur thermique.
Si, par contre, je poursuis la montée au-delà des 12 kilomètres, batterie vide, ma consommation d’essence est celle d’un V12 à plein régime, les reprises de la voiture comparables à celles d’une Trabant et son bruit s’apparente à celui d’un avion à réaction : ça donne donc plutôt envie de s’arrêter !
En hiver, avec des températures négatives, l’autonomie peut encore être réduite.
Alors économiquement, mon trajet aller-retour de référence me coutait 2,52€ avec un moteur thermique.
A 25°C, le même trajet de référence me coûte 2,22 € d’électricité mais le coût explose dès que mon autonomie diminue et que je termine le trajet avec le moteur thermique. Cet hiver, le coût du trajet a quelquefois dépassé 4€.
La véritable pénalité économique vient de la consommation du moteur thermique, en montée, batterie vide. Avec une batterie de 20 kWh au lieu de 13 kWh, ma perception serait changée.
Dans une zone de montagne, froide l’hiver, le désintérêt économique d’un véhicule hybride avec une batterie trop limitée est évident.
Alors sur autoroute, y a-t-il moyen de se rattraper ? Le précédent modèle à moteur thermique consommait 7 litres/100kms environ, à 130 km/h. L’hybride rechargeable consomme quant à lui très légèrement plus.
Ceci qui fait une majorité de kilomètres en trajets autoroutiers ne trouvera donc que peu d’avantages.
Au moment de l’achat, j’ai eu le sentiment d’œuvrer pour la planète. Pour ce qui me concerne, aujourd’hui, en dehors des trajets courts réalisés l’été pendant lesquels je ne sollicite pas le moteur thermique, j’ai l’impression d’œuvrer contre la planète chaque fois que je prends ma voiture. Dommage !
Alors, si vous habitez à Montpellier, en Espagne ou en Italie, que vous vous aventurez occasionnellement seulement sur des terrains pentus, que plus de la moitié de vos trajets sont courts, votre hybride rechargeable sera un véhicule dont vous ne pourrez plus vous passer ! Mais a-t-on besoin, dans ces cas, d’un véhicule aussi gros ?
Mais si vous habitez au nord du 45ème parallèle, en pays montagneux, que vous faites de nombreux trajets d’autoroute, que vous voulez réduire vos émissions de CO2, alors le dilemme est entier : l’hybride rechargeable n’est définitivement pas, aujourd’hui, la solution. Il vous faudra soit un véhicule tout électrique avec suffisamment d’autonomie (500 kms en nominal) soit un hybride avec une batterie d’un minimum de 20 kWh.
A l’heure où il est indispensable d’attirer un maximum de conducteurs vers la mobilité électrique, ce type d’expérience décevante est vraiment malvenue !
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