Les agrégateurs de flexibilité sont apparus il y a une dizaine d’années pour proposer la participation des charges consommatrices aux services systèmes puis pour vendre des blocs d’effacement sur les marchés de l’énergie.
Malgré quelques développements prometteurs de certains d’entre eux il y a quelques années, aucun n’a vraiment connu le succès espéré. La valorisation des flexibilités reste, à l’évidence, une compétence à détenir par les énergéticiens sans que ces derniers puissent encore en faire une activité rentable. Au cœur de nombreux raisonnements stratégiques, de nombreux agrégateurs ont ainsi vu leur salut dans leur rachat par un grand énergéticien : EnerNoc par ENEL, Restore par Centrica pour ne citer que les deux exemples européens les plus emblématiques.
La préoccupation aujourd’hui n’est plus de savoir comment assurer la profitabilité des flexibilités mais comment faire face à l’ensemble des ruptures en cours.
- Les opportunités les plus rémunératrices pour les flexibilités sont, jusqu’à aujourd’hui, les mécanismes d’ajustement gérés par les TSOs. Si des mesures de compensation comptable ont été mises en place pour que les déséquilibres créés par les flexibilités activées sur les réseaux de distribution ne soient pas imputés aux DSOs, ces derniers subissent néanmoins des déséquilibres « physiques » de leur réseau.
Nous devons donc nous préparer à des mécanismes/marchés pour les flexibilités gérées par les DSOs, qui différent des précédents par la nécessité d’agir en un lieu précis.
- Le développement des sources d’énergie distribuées (solaire, éolien) a stimulé le développement des agrégateurs d’ENR, chargés d’agréger les productions pour les vendre sur les marchés de l’énergie. Ces agrégateurs ont connu une croissance plus forte que les agrégateurs de demande, dès lors que le développement des énergies renouvelables était important (Allemagne)
Même si les mécanismes d’activation restent très spécifiques, la question de la convergence de l’agrégation d’ENR et de l’agrégation de la demande se pose et certains agrégateurs d’ENR pourraient venir concurrencer des acteurs du Demand Response.
- L’émergence de flexibilités particulières comme les batteries ou les microgrids a favorisé l’émergence de spécialistes de leur activation. Verra-t-on ces agrégateurs prendre le pas sur les autres grâce à leur maîtrise de flexibilités clés ou seront-ils des agrégateurs de rang 2 oeuvrant pour des méta-agrégateurs plus globaux ?
- Dans un contexte où les agrégateurs deviendraient plus globaux, où les sources de valorisation se multiplieraient, ou même le recours aux flexibilités devient plus important pour assurer l’équilibre de réseaux électriques de plus en plus chahutés, quelle place reste-t-il aux agrégateurs indépendants face aux grandes utilities? Leur rôle peut être important si les « petits » énergéticiens, qui n’ont pas les moyens de développer un grand savoir faire en matière d’agrégation et de valorisation des flexibilités, ne veulent pas se retrouver inféodés aux plus grands.
Avant même d’avoir atteint le stade de maturité, le marché des flexibilités fait déjà face à une révolution profonde, pleine d’incertitude qui pourrait même favoriser l’émergence de nouveaux acteurs….
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