Comment ne pas parler d’autoconsommation individuelle tant le sujet remplit les colonnes de journaux et tant le mécanisme s’impose comme évident dans le contexte des transitions énergétiques ? quoi de plus simple que de consommer l’électron que nous avons produit, sur notre toit par exemple, avec nos panneaux photovoltaïques ? Quoi de plus naturel ?
Pourtant, en Europe, l’autoconsommation individuelle, aussi naturelle soit-elle, ne s’est pas encore imposée. En dehors de l’Allemagne (plus de 1,5 millions d’adeptes), la Grande Bretagne (plus de 700 000 auto-consommateurs) et l’Italie (plus de 650 000 ménages), les autres pays sont à la traine.
Pourquoi donc ? Beaucoup pointent du doigt la réglementation, plus ou moins favorable, mais ont-ils raison ? Est-ce la seule cause à incriminer ?
L’auto-consommation se développe dans un premier temps sur un terreau économique : dans les pays où le prix de l’électricité est parmi les plus élevé en Europe, auto-consommer permet l’accès à une électricité moins chère.
La réglementation peut donc être un levier favorisant l’attrait économique de l’auto-consommation :
- Elle peut d’abord tout simplement l’autoriser ou non. En France, la loi sur l’auto-consommation date de 2017 !
- Elle peut décider ou non que la taxe réseau s’applique à l’électricité auto-consommée : en Allemagne, elle ne s’applique pas. Mais de nombreux gestionnaires de réseaux poussent dans un sens contraire pour limiter leurs pertes de revenus à court terme !
- Elle peut décider ou non que les diverses taxes (TVA, taxe pour le financement des énergies renouvelables) s’applique ou pas à l’auto-consommation.
Ces quelques exemples apportent clairement de l’eau au moulin de ceux qui voient dans la réglementation l’unique moteur de l’auto-consommation. Il est cependant intéressant de constater que chaque disposition décidée dans un pays pour favoriser ou non l’auto-consommation est le reflet d’une vision nationale sur le futur de l’énergie.
Chaque fois que l’auto-consommation est clairement favorisée, elle l’est depuis plusieurs années, dans un contexte où la distribution et la localisation d’une partie des systèmes énergétiques ne sont ni discutés, ni remis en question. Chaque acteur s’adapte et accompagne la transition.
Dans les autres pays, les acteurs de l’auto-consommation luttent contre une vision encore très centralisée des systèmes énergétiques, contre des stratégies défensives de nombreux acteurs, y compris les gestionnaires de réseaux sensés stimuler et favoriser la transition énergétique. Focalisés sur ces luttes, ils considèrent l’auto-consommation uniquement comme une autoroute la plus directe possible entre le panneau photovoltaïque et la prise.
Or, les consommateurs des pays les plus avancés montrent que l’auto-consommation signifie bien davantage : très rapidement, la volonté d’augmenter la part d’électricité produite conduit au recours au stockage, recours d’autant plus important que l’auto-consommateur possède des véhicules électriques. Le nanogrid ainsi créé nécessite d’être piloté et suivi et la recherche d’optimisation dépasse le simple périmètre du logement.
Aujourd’hui, des sociétés innovantes se développent en répondant à ce besoin et à une conception très élargie de l’auto-consommation. Ainsi, les acteurs des pays suiveurs auront une double peine : ne pas avoir eu un marché national dynamique pour se développer et faire face à une concurrence surentrainée et suradaptée en provenance des pays leaders.
Anticiper cette situation est du ressort des acteurs eux-mêmes !
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