Pour beaucoup d’observateurs, quelquefois même avertis, l’agrégateur d ‘effacement est cet acteur nouveau, capable de délester une puissance importante sur demande de l’opérateur d’un réseau de transport.
Cette vision voit la partie visible de l’iceberg qu’est un agrégateur d’effacement. La réalité est autrement plus complexe et l’agrégateur a en réalité plusieurs métiers.
Son premier métier, nous venons de l’évoquer, consiste à effacer des charges. Pour cela, il doit développer une capacité à envoyer des ordres de délestages traités manuellement ou automatiquement par ses clients. Cela suppose une infrastructure de contrôle commande qui se matérialise souvent dans l’industrie par un boîtier : le boîtier Bluepod de Voltalis ou la e-box d’Entelios (Enernoc). Mettre en avant ce boitier en lui donnant un nom, c’est donner de l’importance à ce premier métier ; c’est aussi renforcer la croyance que je souligne dans mon introduction. Le mode d’action dans un bâtiment tertiaire est plus complexe car il faut pouvoir agir au niveau d’équipements ou d’applications diffuses dans le bâtiment.
Avant d’être en mesure de délester des charges, une évaluation du potentiel de délestage de chaque client est nécessaire ; elle consiste à identifier les charges effaçables, à définir les conditions d’effacement et à contractualiser l’ensemble des règles définies. Dans les bâtiments tertiaires, la liste des charges effaçables peut se faire par souscription des dites charges à un service : encore faut-il avoir une plateforme de souscription adaptée.
Le deuxième métier est celui d’agrégateur proprement dit. Certains délestages correspondent à des demandes du réseau de transport caractérisées par une puissance et une durée : par exemple 10MW pendant 2 heures. Aucun consommateur ne peut, seul, répondre à une telle demande : la réponse est souvent la combinaison de plusieurs « blocs » d’effacement d’une durée plus courte et d’une puissance inférieur. Constituer, en quelques secondes ou minutes, une réponse à la demande faite, par assemblages de petits blocs respectant les contraintes de la demande d’effacement d’une part et des clients d’autre part est le deuxième métier évoqué.
Le troisième métier s’apparente au trading : il consiste à valoriser les blocs d’effacement sur divers marchés : marché de capacité, quand il existe, marché d’ajustement, marché spot de l’énergie. Ce métier combine la capacité à obtenir les agréments pour participer à ces marchés, à bâtir des stratégies de valorisation optimale et à effectivement obtenir les valorisations visées.
Aucun de ces 3 métiers n’est prédominant, tous doivent être maîtrisés pour offrir une performance digne d’intérêt. Il est dès lors un peu réducteur de se présenter comme agrégateur quand on possède la capacité à délester quelques charges !
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