Raisonner en énergie primaire recèle quelques pièges

Afin de comparer les impacts du recours à différentes énergies dans une Smart City, on utilise la notion d’énergie primaire qui permet de quantifier et de comparer les quantités d’énergie sous leur forme disponible à l’état naturel, qu’elles soient fossiles ou renouvelables.

L’énergie primaire s’oppose donc à l’énergie finale, c’est à dire l’énergie sous la forme sous laquelle elle est consommée et facturée, l’électricité par exemple. Les énergies primaires les plus fréquentes sont le pétrole, le gaz, l’uranium, le bois avant toute transformation ainsi que le vent, le solaire photovoltaïque, l’énergie hydraulique ou la géothermie.

La différence entre énergie primaire et énergie finale représente donc l’ensemble des pertes causées par la transformation d’une énergie à l’état brute en énergie consommable et consommée, ces pertes intervenant lors de la production d’énergie finale (surtout électricité) ou du transport de cette énergie finale.

Comparer différents systèmes consommateurs d’énergie à travers leur consommation équivalente en énergie primaire revient à pénaliser fort justement les processus de transformation peu efficients.

La conversion de l’énergie finale en énergie primaire se fait au travers de coefficients, la plupart du temps figés par la réglementation.

Dans beaucoup de pays, le coefficient de conversion des énergies primaires utilisées dans des applications thermiques est de 1 : l’énergie finale est égale à l’énergie primaire. Quant à l’électricité, son processus de production est plus ou moins efficace selon les pays et dépend du mix énergétique. Le coefficient de conversion est de 2,6 en Allemagne, 2,58 en France, 2,6 en Espagne, 2,92 en Grande Bretagne.

Ce coefficient de conversion est un coefficient règlementaire qui dépend du mix énergétique du pays mais aussi d’une part d’incitation politique. A titre d’exemple, le coefficient français réel de conversion d’1 kWh électrique en 1 kWh d’énergie primaire est plutôt de 3,2 : le coefficient règlementaire tend à moins pénaliser le recours à l’électricité comme source d’énergie finale.

Raisonner en énergie primaire permet d’accorder une place plus limitée à l’électricité, notamment dans les applications thermiques, à moins d’un mix énergétique très marqué par les énergies renouvelables. Ce raisonnement n’est aujourd’hui plus suffisant : le recours direct à une énergie fossile, émettrice de gaz à effet de serre, et le recours à une énergie renouvelable ne sont pas différenciés ; dans les deux cas, l’énergie primaire consommée est la même.

La conversion de la consommation en énergie primaire doit donc absolument être accompagnée d’une surveillance de l’évolution du mix énergétique ou l’énergie primaire correspondant aux énergies renouvelables doit progressivement converger vers 0, pour marquer une différence avec les énergies fossiles.

Dans un paysage où certaines villes vont prendre de l’avance en se dotant de systèmes énergétiques moins émetteurs de gaz à effet de serre, il sera important de permettre l’application de coefficients locaux, tenant compte d’une réalité locale différente. Dans le cas contraire, l’application des coefficients nationaux dans une telle ville ralentira la récolte des bénéfices de la politique locale.

Comme pour les coefficients nationaux quand il s’agit de défendre une filière nationale historique, un zeste d’input politique sera le bienvenu pour favoriser à travers les coefficients locaux des initiatives vertueuses en matière de transition énergétique.

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