La transition énergétique est un concept trop limitant

Dans la plupart des pays, les acteurs de l’énergie définissent la transition énergétique comme une feuille de route vers un mix énergétique moins carboné. J’ai souligné dans un précédent article, le caractère subjectif de cette appellation : l’évolution des systèmes énergétiques est très lente mais doit rester continue pour que ces systèmes restent adaptés aux enjeux du moment.

Un changement de mix énergétique induit obligatoirement le développement de nouvelles sources énergétiques, aujourd’hui le photovoltaïque et l’éolien par exemple : les promoteurs de ces technologies, portés par l’enthousiasme créé par ces nouvelles perspectives trouvent toujours le développement réel de leur technologie trop lent.

Mais « la » transition énergétique comprend aussi la réduction de la part des énergies traditionnelles, aujourd’hui les énergies fossiles. Dans leur cas, c’est toute une industrie qui est affectée. Les producteurs doivent gérer l’obsolescence de certains moyens de production d’électricité, les fabricants d’équipements de production doivent convertir leur offre en un catalogue plus en ligne avec les besoins marché, les éditeurs et intégrateurs de systèmes de gestion et d’exploitation de centrales et de réseaux de distribution doivent ajuster leurs logiciels aux nouvelles contraintes. Une filière industrielle entière doit entrer dans une phase d’adaptation de plusieurs années, risquée, coûteuse.

La dite filière se positionne donc habituellement de manière défensive pour éviter ou retarder l’échéance d’un changement important. Les promoteurs des technologies émergentes s’agacent et le législateur se sent quelquefois le droit ou le devoir de forcer et d’accélérer l’évolution des systèmes énergétiques. Un mécanisme vicieux se met en place, toujours au détriment de la performance énergétique du pays.

Selon les cultures et les pays, la transition énergétique se traduit donc soit par des changements de cap brutaux fragilisant l’industrie, quand la force des décision d’état l’emporte, soit par un immobilisme coupable, quand la force des lobbys industriels l’emporte.

La transition énergétique n’est donc pas seulement une « simple » évolution du mix énergétique : c’est une transition pour un écosystème industriel complet. A ce titre, ce n’est pas la seule feuille de route de l’évolution des technologies énergétiques utilisées qui est à considérer mais la feuille de route de l’évolution de cet écosystème.

L’évolution des systèmes énergétiques est lente : tant mieux. Il est donc possible de laisser aux industriels le temps de reconvertir tout ou partie de leur activité et de les préserver d’occases trop violentes. Encore faut-il les faire monter dans le train du changement à temps !

C’est donc la transition de l’écosystème énergétique qu’il faut accompagner. Il est plus vertueux, en terme d’emplois et d’activité, de pousser le tissu économique à développer progressivement les offres du futur que de prolonger jusqu’à l’inévitable rupture les offres du passé.

 

1 Commentaire

  1. oui…mais pour cela, il faut de la visibilité, avec des objectifs réalistes, et moyens en accord (législatifs, réglementaires notamment) stables à M/LT…sans « stop and go », ou moratoires. Une politique énergétique (donc industrielle par voie de conséquence comme expliquée dessus) claire et assumée, en somme…Pas le plus facile, surtout avec un Etat affaibli financièrement, moins centralisé, dans le contexte de l’UE, et avec des échéances politiques de CT, élections de 2017 notamment. Peut-être plus facile en Chine… (?).

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