Transition énergétique : un euphémisme à la mode.

Je reviens de plusieurs conférences où j’ai écouté les experts parler de la transition énergétique. J’ai chaque fois été surpris du conformisme dont ils ont fait preuve dans leur discours : la transition énergétique est une réalité admise par tous.

Qu’est-ce que la transition énergétique ? Quelles sont ses racines ? Quelles sont donc les principales ruptures affectant le monde de l’énergie ?

Parmi les ruptures technologiques, la rencontre des nanotechnologies et de l’énergie a donné lieu à la baisse de cout de production la plus spectaculaire qui soit : en 20 ans, le coût de l’énergie solaire a été divisé par 20 et la courbe ne montre encore aucune tendance asymptotique. Cette énergie, disponible à l’infini ou presque, devient aujourd’hui compétitive face à beaucoup d’autres.

Les technologies numériques entrent en force dans le secteur de l’énergie et permette une précision de la conduite des systèmes énergétiques jusque là inconnue. La puissance des algorithmes permet d’extraire une nouvelle valeur de ces données, de simuler des scenarii de réaction face aux aléas, d’augmenter la performance des opérations.

L’ubérisation de l’énergie est en marche : cette volonté des consommateurs de réduire leur dépendance vis à vis des grands acteurs, de participer au monde de l’énergie gagne du terrain malgré les stratégies défensives des acteurs traditionnels.

La pression pour une plus grande efficacité énergétique ne cesse d’augmenter : la réglementation complète et renforce les initiatives corporate ou individuelles prises face au dérèglement climatique.

L’engagement croissant, bien qu’encore difficile, des collectivités territoriales, d’une part, et le besoin d’interactions plus nombreuses avec les consommateurs, d’autre part, bouleversent les schémas de gouvernance traditionnelle des systèmes énergétiques.

Ce ne sont que quelques exemples ; dans une note stratégique disponible sur mon site pour les énergéticiens, j’ai listé et approfondi une trentaine de ruptures affectant le marché de l’énergie ainsi qu’une vingtaine de conséquences majeures !

Oser continuer de parler de transition énergétique serait-il le révélateur d’une appréciation édulcorée de la réalité ? Croyant fortement au pouvoir des mots, je crains que ce terme n’induise en erreur bon nombre d’acteurs énergétiques, politiques et économiques, leur laissant croire que de simples ajustements leur seront nécessaires dans les années à venir, qu’ils ont tout le temps voulu pour s’adapter, que des stratégies défensives leur permettront de survivre.

Je ne le crois pas car ce n’est pas une transition énergétique que les énergéticiens ont à gérer, c’est une révolution énergétique à laquelle ils ont à affronter !

2 Commentaires

  1. Excellent résumé, qui rejoint les propositions de Jeremy Rifkin, déjà largement utilisées dans d’autres pays. Apprenons des autres, et appliquons les bonnes méthodes d’Uberisation énergétiques ensuite en France. Les fossilisés français disparaitront d’eux-même

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