Le stockage, le solaire et l’éolien sont liés par des intérêts communs : le stockage est de toute évidence un vecteur de développement des énergies intermittentes, permettant de stocker la production, le temps que les conditions optimales de consommations ou de distribution soient réunies.
Mais ces technologies ont un autre point commun : pour chacune d’elle, le CAPEX est important alors que l’OPEX est faible.
Assurer leur développement et leur rentabilité ne passe donc pas principalement par une optimisation de l’exploitation mais par la garantie d’un contexte favorable aux investisseurs.
Comment se traduit cet enjeu ?
Il faut tout d’abord s’assurer des revenus que peut générer l’usage de ces technologies. La législation et la réglementation, dans la plupart des pays, ont été construite selon un schéma et une organisation très traditionnels des systèmes électriques. Ces technologies introduisent des « ajustements » dans les chaînes d’acteurs, dans les flux de revenus, non prévus voire interdits par la législation. Si les bénéfices qu’elles apportent, d’un point de vue technique ou environnemental, semblent évident pour tous, la traduction de ces bénéfices en revenus accessibles n’est pas possible d’emblée. Une évolution de la réglementation s’impose dans tous les cas.
Cette évolution peut prévoir une phase de lancement où les technologies sont « sponsorisées » avant une phase stabilisée où la concurrence entre technologies redevient libre. Il est important que le régulateur s’inscrive dans le temps, suive de très près les évolutions du marché et soit très réactif pour faire évoluer la réglementation au risque de réagir trop tard, trop brutalement et de créer des conditions trop instables, trop imprévisibles pour les investisseurs.
Dans le cas de l’énergie solaire, en Europe, des subventions trop importantes accordées trop longtemps pour amorcer dans l’urgence un développement de la technologie ont conduit à des mesures à effet rétroactif, à des « stop & go » néfastes pour le secteur. Les investisseurs ont perdu confiance devant un avenir par définition incertain. Dans les pays émergents, l’absence de régulateur et l’influence, sur le marché, d’acteurs historiques monopolistiques génère le même déficit de confiance.
Dans ces cas, non seulement les revenus espérés sont assortis d’un risque mais les taux d’intérêt accordés grimpent en flèche. Le manque de confiance d’une communauté toue entière se répercute en cascade sur plusieurs postes du business plan.
Ce sujet fait apparaître deux nouveaux paradoxes : d’une part, les politiques énergétiques doivent s’inscrire dans la durée pour éviter des effets correcteurs dévastateurs, alors que les politiques se nourrissent de résultats court terme et d’effets d’annonce. D’autre part, les nouvelles technologies nécessitent une adaptation règlementaire continue durant leurs premières années de développement, que les régulateurs, habitués à raisonner des cadres établis, presque éternels, ont bien des difficultés à assurer.
La transition énergétique permise par ces nouvelles technologies se nourrit aussi d’une transition politique à opérer dans la plupart des pays. Cette dernière transition ne sera probablement pas la plus simple.
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