Le principal événement Européen de la communauté des « utilities » électriques vient de se terminer.
Nous ne sommes plus au temps où, lentement, de nouvelles applications émergeaient. Il suffisait alors de visiter le salon comme une immense vitrine dans laquelle le jeu consistait à comparer les technologies et les offres. EUW a définitivement marqué la fin de cette ère. Le monde de l’énergie est envahi par les technologies et, désormais, il importe d’analyser le mouvement et non plus la position.
Une analyse exhaustive du salon était hors de ma portée : je vous livre néanmoins quelques observations qui m’ont sauté aux yeux.
Les grands constructeurs adaptent péniblement la façon de présenter leurs produits
Il n’est pas dans l’air du temps d’être un fabricant de produits. Il faut parler données et architecture IoT, logiciels et blockchain ou encore services. Les stands des grands constructeurs n’échappent pas à la règle mais on sent bien, en leur rendant visite, qu’il manque ce qui fait leur ADN et la principale partie de leur activité et de leur marge.
L’après Smart Meters se prépare
Le déploiement des Smart Meters est désormais lancé dans tous les pays européens ou presque. Le sujet n’attire plus autant qu’il y a cinq ans. L’Italie et la Suède travaille, quelquefois péniblement, sur la future génération de compteurs et tente de lever les limites imposées par la première génération.
Les fabricants, probablement soucieux d’un futur proche où il leur sera difficile de se différencier et de maintenir leur marge, élargissent leur champ d’action : éclairage public intelligent, parkings intelligents, applications urbaines etc… La ville du futur semble être leur cible.
Les écosystèmes IoT se structurent
Les technologies IoT permettent le développement de nouvelles solutions mais ne sont pas la solution. Les écosystèmes IoT sont désormais mis en valeur pour illustrer toutes les possibilités qui peuvent s’offrir à une ville ou une utility de bâtir des solutions numériques transverses et donc, toutes les opportunités qui s’offrent à celui qui rejoint l’écosystème. Avec des stratégies différentes, Lorawan et Wirepas illustrent cette tendance.
Les technologies blockchain atteignent un deuxième stade de maturité
Il ne s’agit plus, pour les technologies blockchain, d’être disruptives pour les chaînes d’acteurs établies mais de permettre une évolution très importante des bénéfices apportés par les acteurs en place. Elles apparaissent désormais incontournables comme en témoigne le nombre de utilities engagées dans un ou plusieurs tests.
En Smart Home, l’époque est à la désagrégation des courbes de charge
Engager les consommateurs dans la gestion de leur énergie est désormais ouvertement présenté comme un enjeu particulièrement ardu. Donner du sens aux informations est une étape indispensable : il faut pour cela des données suffisamment précises et la désagrégation de la courbe de charge est souvent présentée comme le moyen d’éviter la multiplication couteuse des capteurs (Eliq, Smappee, Voltaware).
Mais ni la précision de la courbe de charge, ni la confidentialité des données ainsi interprétées, ni l’utilité des données pour le client ne sont des sujets abordés…
Vis à vis des économies d’énergie, on ne segmente pas encore les clients résidentiels
Face aux économies d’énergie, chaque consommateur du marché résidentiel a ses propres réactions. Peu voire pas de solutions prend vraiment en compte la diversité observée : Gridpocket se démarque en abordant la question. Les offres restent monolithiques et mal adaptées : mais une segmentation des clients suppose des compétences sociologiques dont peu de sociétés disposent.
Flexibilité : les agrégateurs se cherchent
L’âge d’or des agrégateurs de flexibilité semble appartenir au passé alors que les besoins de flexibilité vont régulièrement augmenter dans les années à venir. Mais la flexibilité est un élément dont l’attractivité augmente s’il n’est pas vendu seul. Les agrégateurs ont souvent développé de précieuses compétences sur les process de leurs clients car certaines valorisations des flexibilités sont exigeantes, notamment sur la réserve primaire. A eux désormais de les faire fructifier.
Les chinois progressent mais copient nos modèles et leurs limites
Les seules sociétés à présenter des produits sont encore et toujours les chinois. Certains commencent à sortir de ce positionnement en copiant le mouvement réalisé par les sociétés occidentales depuis quelques années : ils présentent des applications verticalisées : par exemple, un compteur, une infrastructure d’acquisition de données et des concentrateurs. Je ne suis pas certain que, dans ce cas, la copie soit une vertu ; d’autres voies, comme rejoindre des systèmes IoT ouverts pourraient être plus prometteuses.
Des offres touchant au cœur du métier des distributeurs se multiplient
Pour terminer, j’ai observé avec satisfaction le retour d’offres s’adressant au cœur du métier des distributeurs d’électricité : les réseaux sont bousculés par l’arrivée de sources de production intermittentes, par les chargeurs de voitures électriques. Leur stabilité doit être assurée et leur conception doit évoluer : Eneida, Odit-e, Envelio présentaient des solutions très intéressantes. Les stratégies d’asset management deviennent essentielles pour les gestionnaires de réseaux : Copperleaf et surtout Cosmo Tech étaient là pour attirer notre attention.
Voici donc quelques aspects de l’invasion technologique observée à Utility Week à Vienne. Ils placent les énergéticiens face à un paradoxe : comment remettre le client au centre de leurs préoccupations quand il y a autant de menaces et d’opportunités à surveiller ou détecter du côté des technologies ?
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