En France, les « gilets jaunes » montrent depuis plusieurs mois une perte de confiance vis à vis des dirigeants et tentent d’attirer l’attention sur leur situation, invivable, restée ignorée ou, au moins, incomprise par ces mêmes dirigeants.
En Belgique, la mobilisation des jeunes pour le climat ne cesse de grandir.
En Suisse, pays faiblement réputé pour ses manifestations, la « grève du climat » prend de l’ampleur en Suisse Romande.
Les exemples se multiplient en Europe, où des jeunes et moins jeunes tentent d’attirer l’attention sur leur situation ou leurs préoccupations qu’ils estiment non entendues.
La précarité de certains consommateurs et la protection de l’environnement, deux sujets en jeu dans les mouvements que je viens d’évoquer, se sont invités depuis quelques années dans le monde de l’énergie.
Pour autant :
- Des énergéticiens sont toujours sourds à l’opinion publique concernant le nucléaire (ce qui ne veut pas dire qu’il faut s’en passer dans tous les cas!)
- La lutte contre la précarité énergétique est balbutiante et est rarement une priorité.
- Les débats font rage sur des questions idéologiques concernant les énergies renouvelables, l’hydrogène, le véhicule électrique ou le nucléaire.
Les changements sont lents ; certes, les retours sur investissements, longs, rendent les évolutions des systèmes énergétiques, relativement lentes. Mais ils ne peuvent tout justifier.
Je ne peux m’empêcher de faire le rapprochement entre les deux séries d’observation : les alertes lancées aux décideurs (pas seulement politiques) à propos d’enjeux sous-estimés et la lenteur de progression du monde de l’énergie sur ces mêmes enjeux.
Avons-nous pris la mesure de ce que nous avons à faire ?
Non.
Pour plagier Pierre Reverdy, il n’y a pas de volonté politique, il n’y a que des preuves de volonté politique. S’il n’y a ni action perçue, ni résultat obtenu, les mots, les intentions, la communication ne suffisent pas.
Cette défiance vis à vis des décideurs commence à émerger dans les enquêtes de satisfaction client menées par certains énergéticiens. Les signaux sont faibles mais ils méritent une grande attention. Les consommateurs se plaignent d’un manque de proactivité, de réactivité, de conseil, de compétence sur ce qui les touche de plus en plus : la mobilité électrique, l’auto-production et l’auto-consommation, les regroupements de micro-producteurs et de micro-consommateurs, l’optimisation de leur facture etc…
Tous les acteurs de l’énergie, producteurs, consommateurs, chercheurs, régulateurs, législateurs, opérateurs, doivent aujourd’hui, individuellement et collectivement, sans s’attendre les uns les autres, questionner leur vitesse et leur mode d’action.
Il y a désormais une dimension sociétale à la politique énergétique : ne pas la prendre en considération, ne pas l’entendre, c’est, pour les politiques, s’exposer à des mouvements populaires d’ampleur croissante ; et cela revient, pour les acteurs économiques, à favoriser des mouvements de contournement, d’ubérisation et de coopération entre consommateurs dont on voit les prémices, et qui pourront, durablement, affecter leur activité et leur développement.
J’initie avec ce post un cycle de plusieurs épisodes consacrés à cet enjeu vital.
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