Des Virtual Power Plants (VPPs) proposées partout : ca ne vous étonne pas ?

Hier les agrégateurs de flexibilité étaient à la mode ; aujourd’hui, la tendance favorise les VPPs, agrégations de capacités de production et, dans certains cas, de capacités d’effacement, dont on valorise la flexibilité.

Pourquoi cette évolution ? Pourquoi la flexibilité serait-elle moins mise en avant alors qu’elle n’a jamais été aussi nécessaire ?

Quand je visite les salles de contrôle de distributeurs d’électricité, les opérateurs font de plus en plus souvent état des difficultés rencontrées à équilibrer le réseau à l’échelon local, à assurer l’équilibre en cas d’activation de flexibilités par le GRT (gestionnaire de Réseau de Transport). Pour eux, un recours à des flexibilités pourraient rapidement devenir une nécessité. Le taux de pénétration de plus en plus important des sources de production intermittente a des conséquences à tous les niveaux du réseau et le recours aux flexibilités devient de plus en plus inévitable.

Le recours à des flexibilités devient également une option à considérer dans les doctrines d’évolutions des réseaux et dans les schémas directeurs d’évolution de réseau pour éviter certains renforcements couteux. Des sociétés comme Roseau Technologies offrent ces options de manière systématique.

Pour autant, la rémunération des flexibilités reste peu attractive :

  • Les mécanismes d’équilibre gérés par les GRTs sont un tout petit marché représentant moins de 1,5% de la consommation d’un pays. Ce sont aujourd’hui les sources de revenus les plus rémunératrices pour les agrégateurs : les réserves primaires et quelquefois secondaires sont plus attractives, les réserves tertiaires le sont très moyennement. Une saturation de ces marchés conduira de fait à une baisse des prix et donc une sélection des technologies participantes encore rentables. Cette sélection sera-t-elle dans l’intérêt des TSOs et des mécanismes ? 

Certains TSOs recherchent une performance des mécanismes d’équilibre à travers une baisse des prix : cela permettra-t-il de rémunérer les participants les plus efficaces et les plus compétents ?

  • Les marchés spot, moyennement rémunérateurs mais plus faciles à adresser avec des blocs d’effacement pur.
  • Les flexibilités activables par les GRDs ne bénéficient à ce jour de mécanismes de rémunération clairs et établis.

Les sources de rémunération des agrégateurs d’effacement sont donc limitées et en baisse : rien d’étonnant à ce que les agrégateurs éprouvent quelques difficultés.

Il y a par ailleurs trois grands types de flexibilités exploitées et valorisées sur les marchés :

  • Les flexibilités de production, participantes historiques aux marchés d’ajustement. Elles ont quelquefois tendance à être moins compétitives qu’auparavant ou moins disponibles (dans le cas des barrages au printemps par exemple)
  • Les effacements de consommation, assez faciles à mettre en œuvre et peu rémunérés.
  • Les modulations de consommation, difficiles à mettre en œuvre et mieux rémunérées.

Un agrégateur d’effacement démarre nécessairement par une valorisation d’effacements sur le marché spot et les réserves tertiaires. Les niveaux de rémunération, faibles, lui permettent difficilement de développer les compétences nécessaires à la valorisation de modulations sur la réserve primaire.

Dans ce contexte, peu favorable à la multiplication et à la diversification des opérateurs de flexibilités, les VPP répondent, dans la plupart des cas, à plusieurs objectifs :

  • Redynamiser un marché un peu essoufflé
  • Valoriser, en les agrégeant, des flexibilités peu adaptées ou trop petites pour être valorisées unitairement (Solaires, Micro-hydraulique etc…)
  • Gérer un premier périmètre d’équilibre au sein de la VPP pour maximiser les revenus
  • Se limiter à l’engagement de flexibilités faciles et peu couteuses à mettre en œuvre.

Ces VPPs semblent apparaître comme la solution miracle tant attendue pour redynamiser la valorisation des flexibilités. Cependant, la faiblesse des rémunérations persiste, la taille limitée des marchés les plus rémunérateurs restent d’actualité, les flexibilités dont ont besoin les GRDs restent sans rémunération.

La ruée vers les VPPs observée aujourd’hui a-t-elle un sens ? Le savoir-faire des agrégateurs les plus avancés est essentiel : quels business models pourra les faire vivre à l’avenir ? Comment ne pas perdre les compétences développées ces dernières années ? Je crains bien que GRTs et GRDs aient un rôle essentiel à jouer. Mais le voient-ils vraiment ?

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