Episode 3 : Sommes-nous vraiment capables de mener avec succès nos transitions énergétiques ?

Dans les épisodes précédents, nous nous sommes interrogés sur nos transitions énergétiques, sur notre niveau d’ambition et de compréhension des enjeux et sur les atouts dont nous disposons pour passer à l’action. 

Mais pourquoi semblons-nous avoir tant de difficultés à passer à l’action ?

Je rencontre fréquemment des équipes en difficulté pour atteindre leurs objectifs, sans qu’elles en aient identifié les raisons, des marketeurs dépités par le manque de succès d’une nouvelle offre prometteuse, des start-ups découragés par un marché qui semble se refuser à elles. Les premiers éléments d’explication sont souvent dans les jeux d’acteurs, dans les répercussions indésirables des premières actions menées, dans des jeux concurrentiels non prévus. 

J’observe également un manque de compréhension globale et détaillée des transitions énergétiques et de leur répercussion, des technologies et de leur évolution, des acteurs et de leurs intérêts, des consommateurs et de leurs besoins. 

Comment agir efficacement dans un contexte dont des pans entiers nous échappent ?

Rares sont les acteurs de la transition énergétique qui arrivent à se projeter dans l’avenir, qui ont défini un cap compréhensible et déclinable pour tous. Je ne parle donc pas d’intentions politiques mais bien d’un cadre structurant suffisamment précis pour donner de la cohérence aux actions et aux décisions. Pour agir collectivement de manière cohérente, nous avons besoin d’un cadre de référence ; pour fixer ce cadre de référence, nous devons comprendre nos enjeux et notre environnement.

Comment appréhender un environnement aussi nouveau ?

Notre monde a été bâti sur l’utilisation des énergies fossiles. Ce ne sont pas seulement les systèmes énergétiques qui sont à réinventer, c’est notre rapport à l’énergie tout entier. Rien d’étonnant que nous ayons les plus grandes difficultés à agir. Nous devons nous débarrasser de nombreux schémas mentaux que nous avons toujours considérés comme immuables. Des exemples simples ? Une production de bandeau est nécessaire pour gérer et équilibrer un réseau électrique; l’énergie est disponible sans limite : il suffit d’agir sur un interrupteur, un robinet de gaz ou une vanne de chauffage collectif pour en disposer; les énergies fossiles sont les moins chères et cela fait des années qu’on nous promet leur épuisement sans qu’il ne soit arrivé.

Comment agir et inventer demain si nous restons enfermés dans nos croyances ?

Nous percevons tous un grand nombre d’incertitudes concernant ce que sera le monde de l’énergie de demain et quand les bouleversements auront lieu. Ces incertitudes tétanisent bon nombre d’entre nous et justifient l’émergence fréquente d’attitudes de déni. 

Une certitude toutefois : ne rien faire est un parti pris dangereux pour une organisation, pour les énergéticiens ou les industriels. Ne rien faire ne prépare pas les équipes au changement et au mouvement : le jour où ils deviennent urgents et inévitables, les organisations ne sont pas prêtes et restent trop lentes à s’adapter.

Mais comment se mettre en mouvement si on a peur des aléas et qu’on n’a pas développé les outils pour gérer dans un tel contexte ?

Pendant longtemps, les organisations qui ont pu/su se concentrer sur un business model et l’optimiser à l’extrême en ont fait un facteur de performance différenciateur.

Or, chaque domaine d’activité est désormais un champ d’innovation pour les business models : ceux des contrats de performance énergétique ne sont pas comparables à ceux des réseaux de bornes de recharge de véhicules électriques le long des grands axes autoroutiers, à ceux de la fourniture de gaz à des grandes industries ou encore à ceux de la fourniture de chaleur dans un immeuble tertiaire.

Comment donc agir sans adapter certaines organisations à une cohabitation à succès de plusieurs business models ?

La complexité des systèmes énergétiques émergents, l’interdépendance de chacun de leurs composants rendent souvent difficile voire impossible la maîtrise de toutes les activités, technologies, accès au marché, offres et solutions par une même organisation. Il devient indispensable de développer des écosystèmes d’acteurs.

Comment s’intégrer dans un tel écosystème quand on a l’habitude de fonctionner dans un schéma autonome classique ?

J’ai beaucoup de raisons de penser que la plupart des énergéticiens, prestataires de services énergétiques, industriels ne sont pas prêts à traverser sans encombre une transition énergétique, voire à en tirer parti. Cela ne signifie pas qu’ils n’y arriveront pas mais qu’il est temps pour eux de s’adapter.

Les principaux enjeux listés ci-dessus ne sont pas techniques : ils sont organisationnels et humains. Pour autant, aucun progrès ne pourra être fait indépendamment des caractéristiques des métiers et des marchés de l’énergie. Il y a donc une impérieuse nécessité à apprendre à combiner des compétences techniques et des soft skills.

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