Le regroupement européen de référence des énergéticiens et de l’énergie intelligente vient de se terminer. Il a permis de prendre le pouls de l’industrie et de voir quelle façade elle propose aujourd’hui à ses clients.
Car, de plus en plus, il s’agit bien pour les entreprises présentes d’un pur exercice de communication.
Comme chaque année, des mythes se créent, d’autres disparaissent ; ces mythes sont les concepts auxquels il faut absolument se raccrocher pour être « tendance », pour apparaître à la pointe de l’innovation. Ils furent mon premier centre d’intérêt.
Cette année, il était bien rare de trouver des stands ou des présentations qui ne mentionnent pas les prosumers, l’IoT, le Data Analytics, le Cloud comme une référence solide devant garantir l’attractivité des offres et des discours. Le mythe des Smart Cities semble s’essouffler. Est-ce parce que le marché n’a pas démarré aussi vite qu’espéré ? La bannière Smart City sert toutefois à laisser penser que certains offreurs ont une vision globale des enjeux : par exemple, « solution Smart City » remplace « solution Smart Lighting », probablement trop restrictif et terre à terre.
La réalité augmentée et le blockchain tentent d’émerger comme candidats à la relève des mythes fédérateurs.
Au delà des mythes, le repli de l’industrie sur ses fondamentaux semble se confirmer. Sur les stands, de nombreuses entreprises ne cachent pas leur déception face à la « lenteur » d’évolution du marché ; certaines ne veulent plus participer à des démonstrateurs mais veulent du « business ». C’est mal connaître le métier des utilities : si on peut juger que certaines ont mis du temps à prendre conscience du tsunami qui allait les submerger, l’importance de ce tsunami leur demande un changement en profondeur qui ne peut s’inscrire que dans le temps. Cette échelle de temps ne correspond pas à l’exigence d’immédiateté que s’imposent certaines entreprises.
En terme de domaines applicatifs, le comptage prend toujours une part importante des exposants : l’arrivée des chinois est réelle et traduit autant la montée en puissance de leur industrie, leur volonté de s’imposer progressivement sur les marchés export que la banalisation progressive des offres de comptage. Le stockage d’énergie faisait le buzz l’an dernier, il était beaucoup plus discret cette année. Les thèmes relatifs à la gestion des données restent réservés aux grandes entreprises IT et à quelques rares spécialistes. La question de la sécurité des données est prudemment abordées. Les technologies de communication gardent une place importante mais un non-spécialiste a des difficultés à comparer les discours et comprendre comment chaque technologie présentée peut s’insérer dans un dispositif global de communication. Les microgrids, thème majeur, ne sont adressés que par les grands de l’électrotechnique. On observe également une émergence timide des solutions hardware visant l’intégration des renouvelables sur les réseaux avec une sur-représentation du continent nord-américain sur ces offres.
En dehors des solutions de comptage, les références citées par les entreprises sont souvent des démonstrateurs ou projets pilotes de petite échelle ne permettant pas de mettre en évidence les difficultés liées aux déploiements et les solutions associées. Elles sont peu rassurantes.
Les start-ups de l’efficacité énergétique, si nombreuses il y a quelques années, deviennent rares et tentent de trouver leur salut dans les use cases émergents, notamment celui de l’autoconsommation.
Toutes les start-ups m’ont tenu des discours vendant des performances ou des solutions très attractives. Mais souvent, quelques questions ont suffi pour révéler le caractère largement exagéré des promesses. Le vent d’innovation qu’elles faisaient souffler a-t-il disparu ? Ne souffrent-elles pas déjà des conséquences de leur discours excessif, d’un excès d’espoir créé voici quelques années dans le cadre de projets sur-médiatisés et dont les maigres résultats ont eu, de ce fait, une portée très large ?
Le repli de l’industrie sur ses fondamentaux n’est pas cohérent avec l’évolution entamée par certains énergéticiens. Le stand d’Engie m’a paru être le plus représentatif de ce changement, l’absence d’ABB illustrant la timidité de l’industrie.
Ne trouverait-on pas ici un embryon d’explication à une activité étonnamment réduite le troisième jour ?
Les énergéticiens ne seraient-ils pas déjà en train de se lasser progressivement des mythes souvent improductifs créés par l’industrie, n’attendraient-ils pas des réponses plus concrètes et solides à leurs nouveaux besoins ?
le buzzness n’a pas le meme cycle de fonctionnement que le business. apres smart building, smart grid et smart city , on est passé sur IOT en attendant le prochain buzz. cette industrie du buzz nourrit les organisateurs d’expos , de conference , de show et de consultants. Pour le vrai business , il faut attendre un décalage d’environ une dizaine d’année ( négociable) pour qu’il sorte du démonstarteur et du POC