Toutes les Smart Cities se vantent d’être la pionnière, la première. Pris au hasard des publications, les exemples sont nombreux :
- « La Métropole Nice Côte d’Azur, classée comme smart city pionnière »
- « Lyon, pionnière de la smart city »
- « Singapore is striving to be the world’s first ‘smart city’ » (Singapour s’efforce d’être la première «ville intelligente» au monde)
- « Songdo, South Korea: the world’s first smart city » (Songdo, Corée du Sud: la première Smart City au monde)
- « How London became the first smart city back in 1854 » (Comment Londres fut déjà la première Smart City en 1854)
- « Adelaide’s path to world-first Smart City » (Le chemin pris par Adelaïde pour devenir une Smart City de classe mondiale)
Tout cela répond à un objectif de communication politique, à la volonté de se positionner comme innovateur auprès de l’électeur local, pour vendre des efforts particuliers faits pour apporter tant bien que mal une réponse aux problèmes locaux, ou encore pour attirer des acteurs économiques.
Mais cette communication est-elle bien adaptée ?
Mon but n’est pas de remettre en cause la nécessité de ce type de message ni le besoin de promouvoir auprès des citoyens le recours croissant aux nouvelles technologies ; il est plutôt de questionner la limite au delà de laquelle cette communication devient ineffective.
Le citoyen ne raisonne pas en terme d’optimisation, de technologies ou de concept. Il évalue l’évolution de son expérience de vie dans la ville. Le stationnement ou les déplacements y sont-ils plus faciles ? L’air est-il plus respirable ? Se sent-il plus en sécurité ? Bénéficie-t-il de plus de services, auxquels il accède plus facilement ? Le logement est-il plus accessible ? Son cadre de vie s’améliore-t-il ? Sa ville devient-elle plus humaine ?
Que la ville mutualise des infrastructures de communication ou de gestion de données lui importe peu. Que, de ce fait, grâce aux économies réalisées, la ville développe plus rapidement des services de valeur a de l’importance à ses yeux.
Que la ville fasse le choix de telle ou telle technologie ou s’engage dans tel ou tel partenariat est secondaire pour le citoyen ; que le service offert s’améliore régulièrement et soit pérenne est important à ses yeux et à ceux du tissu économique dans son ensemble.
Vouloir être la première Smart City, la plus grande, la plus technologique signifie, peut-être, pour les dirigeants actuels, ce que construire Versailles ou Tsarskoye Selo signifiait il y a quelques siècles.
Malheureusement, la démesure et la grandeur sont moins visibles quand il s’agit de technologie. Malheureusement aussi, contrairement aux grands bâtiments emblématiques du passé, la technologie est trompeuse car elle autorise une grandeur de façade. Ces caractéristiques sont des risques vis à vis des citoyens : si la ville dans laquelle ils vivent ou travaillent n’est pas plus agréable à vivre ou plus accueillante, les slogans accrocheurs pourront alors se retourner contre ceux qui les auront trop ostensiblement diffusés.
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