Le forum des 100 est un espace d’expression et d’échanges annuel organisé en Suisse Romande par le Temps, le principal journal de la région. Des chefs d’entreprise, des décideurs politiques, des universitaires et des journalistes y côtoient des experts et des associations pionnières en matière de transition écologique. La transition énergétique n’est donc qu’un des sujets traités lors de cette journée.
L’édition 2019, remarquablement organisée, a permis de mettre en évidence des caractéristiques majeures de la transition écologique.
Nous sommes désormais au temps de l’action
Tous les participants se sont accordés à dire que tous les éléments de diagnostic nécessaires sont disponibles et convergent vers un constat plutôt alarmiste et un sentiment d’urgence. Nous sommes tous libres, par stratégie ou par bêtise, de les contester.
Le temps est donc à l’action avec deux questions principales : « comment faire ? » et « comment faire plus vite ? »
L’écart entre la prise de conscience des politiques et les attentes du peuple reste important
Les attentes des citoyens présents se sont clairement et massivement exprimées : elles vont dans le sens de répondre le plus rapidement possible au diagnostic évoqué ci-dessus.
Les décideurs politiques présents occupaient un spectre assez large allant du décideur convaincu et désabusé par la maigreur de ses résultats au décideur manifestement peu concerné mais ne pouvant plus le montrer en public.
Cet écart résonne avec les atermoiements de nombreux partis politiques qui, dans les pays européens, intègrent des éléments de politique environnementale par nécessité plus que par conviction.
L’écart paradoxal entre objectifs des entreprises et nécessité
Les sociétés industrielles présentes se sont adonnées à un exercice de communication ultra-préparé et très bien rodé. Au-delà de la forme, deux paradoxes émergent clairement :
- La nécessité pour elles de combiner, sans arrêt, impératif de rentabilité et objectifs environnementaux
- Le caractère ambitieux de leurs objectifs environnementaux, au regard des standards en matière de gestion, peu habitués à des productivités de l’ordre de 30% à 50% et le caractère insuffisant de tels objectifs pour répondre aux besoins et aux attentes de certains.
Le greenwashing a fait des dégâts et détruit la confiance entre les grands acteurs économiques et une partie du public. Espérons pour ces entreprises que la proportion de public averti et concerné ne fasse pas trop diminuer la proportion du public indifférent pour l’instant.
Les limites de la concertation
Des ateliers ont été organisés et la concertation devrait se poursuivre. Ces ateliers ont montré des travers que j’ai déjà observés et qui font de la concertation un outil bien difficile à manier, bien qu’indispensable.
Le manque de connaissances/compréhension de thématiques complexes conduit à des jeux d’acteurs difficile à maîtriser au sein des groupes : frustration face aux décalages entre individus, prise de pouvoir par le savoir, complexe de l’imposteur etc…
La qualité des synthèses des travaux de groupe dépend du degré de compréhension du rapporteur qui a tendance à filtrer ce qu’il ne comprend pas : il s’instaure de facto une sorte de nivellement par le bas.
Ces observations plaident pour toujours plus de pédagogie et d’explications à propos des transitions écologique et énergétique et par une organisation très parcimonieuse et attentive des séances collaboratives pour minimiser les biais destructeurs de valeur.
Difficulté à raisonner global
Enfin, le forum a montré une difficulté à raisonner globalement. Les quelques experts présents ont tous insisté sur l’obligation de penser globalement, comme si l’expertise ou l’approfondissement d’une thématique liée à la transition écologique permettait ou conduisait à un cheminement de pensée, à une maturation conduisant à comprendre cet impérieux besoin.
La difficulté pour les experts est d’attendre que leurs interlocuteurs aient fait ce même chemin, peut-être de manière accélérée ou stimulée pour une meilleure compréhension mutuelle.
Le forum des 100 a pour but de donner naissance à une charte de la transition écologique suisse qui sera soumise aux dirigeants politiques, en cette année électorale. Puisse-t-il aussi permettre à tous les acteurs, en se nourrissant de leur expérience commune, de comprendre comment faire évoluer les modes de décision et la gouvernance de la transition écologique pour gagner en vitesse et en efficacité.
Recevez chaque trimestre les articles du blog: [sibwp_form id=3]
Laisser un commentaire